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            Obnubilée par sa minceur Sissi est une anorexique esclave d'une idée fixe , la préservation de la jeunesse  

            Par une tiède soirée du printemps 1864 , en son splendide palais impérial de la Hof burg , à Vienne ; S.M François-Joseph 1er << par la grâce de dieu empereur d'Autriche , roi de Hongrie et de Bohême >>, offre un grand diner . Pour sa part , l'empereur a belle prestance , certes: à 34 ans , ce blond aux yeux bleus et au visage d'une grande douceur affecte un maintien altier dans son uniforme clair de général autrichien . Mais ses invités et toute la cour n'ont d'yeux que pour sa femme l'impératrice Elisabeth , dont les vingt-sept printemps resplendissent sous la lumières des flambeaux , les reflets des plats d'argent , l'éclat des porcelaines de Saxe et des cristalleries de Bohême .  

            Séduit par le charme de l'impératrice hôtesse , l'ambassadeur américain à Vienne écrit à sa mère :<< Elisabeth  est une merveille de beauté ; grande et mince , magnifiquement modelée avec une abondante chevelure châtain , un front bas à la grecque , des  yeux doux , des lèvres très rouges qui sourient de façon exquise, une voix suave et harmonieuse , des manières tout à la fois timides et gracieuses ...>>  

            C'est aussi l'impression de Victoria , princesse héritière du royaume de Prusse ,  qui ajoute à cette observation , typiquement féminine : << Elle semble corsetée de façon terriblement serrée , ce qui n'est surement pas nécessaire , vu sa magnifique silhouette ...>> En quelques mots , la princesse de Prusse a percé le secret d'Elisabeth ; celui d'une femme obsédée par son image corporelle , qu'elle voudra maintenir parfaitement pendant toute sa vie , enfermée dans un narcissisme à la limite de la maladie mentale qui la fait esclave de sa propre beauté , fétichiste d'un corps dont elle veut conserver la silhouette idéale au prix d'une privation volontaire de nourriture et d'exercices physiques quotidiens . En un mot , une anorexique esclave d'une idée fixe - la préservation de sa jeunesse .    

    A l'impératrice d'Autriche peut s'appliquer cet air célèbre

    Dis-moi que je suis belle

    Et que je serais belle

    Eternellement

    Mais pourquoi ?

     

    sissi-1-

            En fait rien ne laissait prévoir cette évolution , préfigurer ce destin .  Elisabeth de Wittelbach , apparentée à la famille royale de Bavière , est née le jour de noël 1837 dans le petit village de Possenhofen ; troisième de huit enfants , elle a vécu toute sa jeunesse comme une petite sauvageonne , nageant dans les eaux du lac de stanberg , au pied de son village , pêchant avec les jeunes paysants des environs , montant à cheval quand il lui plaît , escaladant les collines boisées alentour .

            A 15 ans , Sissi - ce diminutif lui a été donné par sa famille et ses compagnons de jeux - mesure 1,72 m , a une taille de guêpe (60 cm) et pèse 49 kg . Ses longs cheveux   descendent jusqu'à ses chevilles ... C'est pendant l'hiver 1852-1853 qu'elle vit son premier drame , un amour tragiquement interrompu : elle est éperdument éprise du conte Richard S ..., un ami de son père . Passion partagée , semble-t-il , mais brève durée -Richard meurt très jeune , frappé par un mal incurable . Sissi plonge dans une << mélancolie aiguë >>, pleure solitairement pendant des heures ou fait des vers en souvenir de Richard . C'est là un trait constant de sa personnalité : elle écrit quand elle est malheureuse . En fait , elle écrit des milliers de vers , miraculeusement conservés...  

            Les mois passent . Et , le 18 août 1853, le jeune empereur François-Joseph -il a 23 ans -demande la main d'Elisabeth . Elle n'a pas encore 16 ans ! Chez François c'est le coup de foudre , violent , intense, immédiat : Il  ne l'a rencontrée que la veille , le 17 ! Il  l'aimera jusqu'à sa mort ... Et Sissi ? << comment pourrais-je ne pas l'aimer , dit-elle à sa mère ... Si seulement il n'était pas empereur ! >>  Notons cette réserve , car elle est l'une des clés du << mystère Sissi >> : jamais elle ne se fera à la vie de la cour réglée par un immuable cérémonial . Jamais elle ne supportera le somptueux palais de la hofburg -où il n'y a même pas de cabinets chacun disposant de sa chaise percée ! - , et ses habitants , en particulier la mère de François , l'archiduchesse Sophie , qui prétend régenter sa bru et , plus tard , les enfants du couple .   

            Le mariage est célébré en grande pompe le 24 avril 1854 à Vienne . Dès les débuts de sa vie << impériale >> à Vienne , Sissi présente des symptômes inquiétants : elle est sujette à de violentes quintes de toux et à des crises d'angoisse . Le docteur Seeburger , médecin de la cour , prescrit alors des remèdes anodins ... Qui n'opèrent pas grand-chose . Il ne peut pas deviner -sa patiente ne lui fait aucune confidence -que ces divers maux participent de sa peine personnelle : elle se sent mal à la cour ! Mais Seeburger , comme ses confrères de l'époque , ignore les explications psychosomatiques !  

            En juin de la même année , toujours accompagnés de Seeburger , François et Sissi font un voyage en Bohême  au cours duquel l'impératrice fait vraiment l'apprentissage de son métier . En plus de ces usages anachroniques de la cour auxquels il lui faut se plier , elle subit la dictature de sa belle-mère : tantôt celle-ci lui supprime ses ...perroquets -Sissi a un couple de ces oiseaux qu'elle affectionne - parce que non conformes à l'étiquette impériale , tantôt elle impose ses vues dans les soins à donner au premier enfant d'Elisabeth ,, né le 8 mars 1855 , qu'elle sépare pratiquement de sa mère .   

            En 1856, puis en 1858, Sissi donne le jour à sa seconde fille Gisèle , puis à son fils Rodolphe , l'accouchement de celui-ci ayant particulièrement difficile . Elle tombe malade : à son chevet accourt le docteur Fischer , médecin de sa famille , qui constate l'existence de fièvres fréquentes , d'un état de faiblesse général et d'un manque d'appétit . C'est à partir de l'année 1860 qu'elle acccuse un état pathologique quasi permanent où apparaît l'obnubilation de sa minceur .   

    Diètes incessantes , régimes draconiens ...L'impératrice est en état de dénutrition permanent

          La jeune femme s'astreint à un mode de vie véritablement draconien . Levée à 5 h (en été) ou à 6 h (en hiver) , elle prend un bain froid , subit un massage , fait 1 h de gymnastique (elle installera même un gymnase dans une de ses résidences !) avant de prendre un petit déjeuner frugal . Puis Sissi passe près de trois heures à ... s'habiller ! Elle commence par des soins de beauté : elle a dormi avec un masque de viande de veau sur le visage , parfois remplacé par des fraises . Il lui arrive de prendre ensuite un bain tiède dans de l'huile d'olive et , quotidiennement , elle se lave les cheveux avec un mélange de jaunes d'œufs et de cognac ! Elle porte des corsets très serrés , on le sait , et fait parfois coudre ses robes à la taille , afin de paraîtrre plus mince dans les réceptions officielles .  

            Mais très vite elle va délaisser celle-ci pour un emploi du temps où l'exercice physique tient la plus grande place : après avoir absorbé un jus de viande qui lui tient lieu de petit déjeuner , elle se livre à de véritables marches forcées dans la campagne ou à d'interminables randonnées à cheval , menées au grand galop !  

            Dés 1860, un troisième médecin le Docteur Skoda , s'inquiète de son état : ses diètes incessantes (toujours la ligne) l'ont rendu squelettique , la toux est devenue chronique ; elle présente  une chlorose (le teint est verdâtre ) , signe d'anémie généralisée . Skoda prescrit une cure à Madère , dont le climat , plus chaud que celui de Vienne , permettra à l'impératrice de récupérer . Elle y retrouve une apparence de santé : Il est vrai qu'elle n'a que 23 ans . Et Skoda remarque qu'elle va mal ... dès qu'elle est à Vienne avec son mari  et mieux quand elle en est séparée et ...ailleurs !  

            En juin 1861 , il porte le diagnostic de <<phtisie galopante >>, mot alors utilisé pour désigner la tuberculose pulmonaire . Sissi risque d'en mourrir ... Mais sa constitution , endurcie par les sports qu'elle pratique , prendra le dessus . Un séjour à Corfou , où elle fera plus tard construire une maison , la remet sur pied . Dès lors , elle ne cessera plus de voyager , impératrice errante qui ne revient à la cour de Vienne que de temps à autre , pour assister à de nombreuses cérémonies et à des banquets officiels , où sa beauté fait merveille . Pour un peu , on dirait que son mari l'expose comme un <<top-model>> , dont elle a la minceur , ou comme l'une des plus séduisantes souveraines d'Europe , faisant d'elle le plus bel ornement de sa <<vitrine monarchique >>.   

            Sissi ne connait qu'une rivale , Eugénie la femme de Napoléon III , à laquelle elle osa un jour se comparer au sens exact du terme .  C' est ce que nous rapporte le comte Welzeck , qui surprend , par inadvertance , les deux femmes dans le cabinet de toilette de l'impératrice des français : Tournant le dos à la porte derrière laquelle je me trouvais , les deux impératrices étaient occupées à mesurer avec des métres  rubans les plus beaux mollets que l'on pût sans doute alors trouver en Europe . C'était un spectacle indescriptible que je n'oublierai jamais !>>.  

            Pendant des années , sous des identités d'emprunt (la plus utilisée est <<comtesse de Hohenembs>>), Sissi parcourt l'Europe , de Paris à Florence , de Cannes à Gibraltar, de San Remo à Corfou , ou sillonne la méditérannée à bord de son yacht , le <<Chazalie>>. Connut-elle des aventures ?  

    Avec son maître d'équitation britanique Bay Middleton , par exemple , qui l'entraînait dans de sportives et dangereuses chasses à courre en Angleterre ?

      Cela paraît peu vraissemblable , parce que Sissi , très tôt , n'a pas paru sensible aux charmes divers des étreintes charnelles . Elle avouera elle-même dans l'un de ses cahiers : << Le mariage est une institution absurde . On n'est encore qu'une enfant de 15 ans et l'on se voit cédée à autrui , on s'engage par un serment que l'on ne comprend pas , mais qu'on regrettera ensuite pendant trente ans ou davantage , sans pouvoir le délier ...>>

            Pendant trente ans - c'est , à peu près la durée de sa vie de voyageuse - , elle proménera sa solitude désenchantée , uniquement habitée par la hantise de rester la plus belle ! Hélas , sa beauté s'atténue au fil des ans . Si l'affection pulmonaire s'est stabilisée , la chlorose demeure , à quoi s'est ajoutée une douloureuse enflure des pieds qui l'oblige à demander  l'aide  de deux personnes pour pouvoir marcher .  

            Le vieux docteur Fischer qualifie ces phénomènes d'oedèmes de dénutrition - une dénutrition qui se manifeste par la perte successive de ses dents : elle fera de Sissi une édentée totale à l'âge de 40 ans . Elle dissimule cette absence dentaire en parlant constamment derrière un éventail , alors que , jusqu'à 50 ans , elle n'aura aucun fil blanc dans son abondante chevelure ! Mais Sissi fait tout pour conserver sa taille de guêpe : dans les années 1870 , elle ne porte plus de sous-vêtements et se contente de bas de daim ultrafin , pour amincir sa silhouette ! Elle prend même des bains de mer ... en caleçon collant , indécence intolérable pour l'époque .  

            Et François-Joseph dans tout cela ? Désespéré par les absences de sa femme , il lui écit de brèves missives où transparaît sa souffrance : <<Quand tu viendras , sois gentille avec moi , car je suis bien triste et seul , et j'ai besoin d'un peu de réconfort .>> , <<Mon trésor , tu me manques beaucoup ...Cette année , depuis le printemps , nous n'avons été ensemble que quelques jours ... Ton petit homme solitaire ...>>. Mais jamais elle n'a fait à son mari cette confidence terrible que sa fille préférée , Marie-Valérie , qu'elle entoure d'un amour quasi hystérique , a receuillie : <<je hais plus que jamais les humains en général et les hommes en particulier ...>>  

            Dans les dernières années de sa vie ,,on murmure que Sissi est << folle  >> ... <<Je sais qu'on me prend pour une folle >>, dira-t-elle un jour à son amie l'impératrice Eugénie . Eugénie , plus indulgente , concède que << l'esprit de Sissi semblait résider dans un autre monde >>.  

            Réduite à la fin de sa vie , à <<l'état de momie>> -le mot est d'elle - , la peau tannée par le soleil , rançon de ses interminables randonnées à cheval , elle conserve encore et toujours quelque coquetterie , dont témoigne ce geste furtif surpris par une de ses amies , alors que l'impératrice déjeune dans une petite auberge autrichienne : <<Elisabeth regarda quelques secondes devant elle , puis saisit son dentier de sa main gauche , l'ôta , le posa sur le bord de la table et le rinça avec un verre d'eau . Elle le remit ensuite dans sa bouche . Elle avait fait tout cela avec beaucoup de grâce nonchalante et surtout si rapidement que je ne pus en croire mes yeux. >>  

            Le 11 septembre 1898 , au cours d'un séjour à Genève , Sissi est assassinée par un anarchiste italien de 25 ans , Luigi Lucheni , ,qui lui perce le coeur avec un tiers-point : ainsi finit , à un peu plus de 60 ans , l'impératrice d'Autriche . Et si , pour nous, son image reste inséparable de la fascinante interprétation qu'en donna à l'écran Romy Schneider , disons que cette Sissi de fiction ne rendait qu'imparfaitement compte de la réalité , cette réalité que nous avons tenté d'esquiver , et qui se résume au rêve insensé d'une femme malade , qui croyait que sa beauté pouvait constituer son unique raison de vivre . (source : top santé mai 1996)

    assassinat de Sissi

         

         


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    Henri neslte

     Henri Nestlé : 1814 -1890

            Il révolutionne l'alimentation des bébés ...   et le quotidien de leurs mamans !  

            Né à Franckfort-sur-le-main en 1814 . Henri Nestlé est le 11 éme d'une famille de 14 enfants dont 7 sont morts jeunes .  

    Si la mortalité infantile est , au XIXéme siècle , très élévée , elle ne laisse pas le jeune Henri Nestlé indifférent , qui s'en souviendra quelques années plus tard .

            Nestlé, en allemand , signifie "petit nid" . Cette image du nid est présente sur les armoiries de la famille Nestlé mais aussi sur l'emblème choisi pour représenter la marque : un nid avec une maman oiseau qui donne la becquée à ses petits .    

    Il crée la farine lactée :

    Apprenti chimiste pharmacien , il arrive seul , à l'âge de 15 ans en suisse

    En 1839 il obtient son diplôme de pharmacien

    il ouvre ensuite un laboratoire de chimie d'où sort la fameuse "farine lactée Nestlé " , une farine pour nourisson à base de lait de vache et de pain grillé .      

    Une innovation récompensée :

    Sa farine est alors reconnue par les médecins pour ses qualités et reçoit une médaille d'or à l'exposition intertnationnale de Paris en 1878.

    Elle sera vendu ensuite dans le monde entier

    En 1875 , Henri Nestlé part à la retraite et vend son entreprise , qui continuera à grandir sans lui au fil des années .      

    Le début d'une nouvelle aventure gourmande !

    En 1904, Nestlé s'associe à deux grands chocolatiers suisses . Peter et Kohler ,puis les rachète en 1929

    Nestlé devient alors un fabricant de chocolat à part entière .

    La marque ne cesse d'innover pour vous proposer roujours plus de gourmandises :

     Chocolat au lait en tablette dans les années 30

     Chocolat qui croustille CRUNCH dans les années 60

     Chocolat nestlé dessert pour la patisserie dans les années 70

     Chocolat noir de dégustation en 1985

    Aujourd'hui Nestlé n'a de cesse de mettre son expertise chocolat au service de votre plaisir !

            L'histoire continue ...  

     Aujourd'hui Nestlé entend toujours concillier nutrition et plaisir au travers de ses marques pour répondre aux goûts et aux envies de toute la famille : Maggi , Mousline , Herta , Nescafé , Nesquik , Ricoré , Nestlé dessert , les céréales Nestlé , La Laitière , Vittel , Perrier ,....

    Dans l'exagone , Nestlé compte 16 000 collaborateurs et 31 usines , lesquelles se situent le plus souvent dans des zones rurales .


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    Julius-Maggi-

    Julius Maggi -1846 - 1912

     L'inventeur de vos armes secrètes  en cuisine

            En 1885 , l'innovation est déjà au coeur de l'inspiration de Julius Maggi , qui crée la soupe instantannée afin de proposer aux ouvriers un plat nourrissant , rapide à préparer et peu onéreux .  

            La société Maggi naît en 1886 et n'aura de cesse de se développer en proposant des produits d'aide à la cuisine  comme :  

     L'arome saveur Maggi pour assaisonner les bouillons en 1887

      Le bouillon KUB en 1908

     La purée mousline en 1963

     Les papillotes en 2010.

            MAGGI a rejoint le groupe Nestlé en 1947  

            Du temps de gagné grâce aux soupes instantannées :  

    1885 . De plus en plus de mamans travaillent dans les usines .

    Elles ont moins de temps pour préparer des plats pour toute leur famille .

    Julius Maggi trouve la solution en inventant les soupes en sachets prêtes à cuire , qui permettent de préparer rapidement des soupes savoureuses et pas chères .    

    Toutes des cuisinières hors pair grâce à des aides culinaires :

    1887 . Julius Maggi innove avec l'arome saveur MAGGi , sa recette secrète pour "assaisonner bouillons et potages " . un vrai succès .

    Il invente ensuite les bouillons concentrés en cubes , qui permettent toujours aux mamans d'aujourd'hui de sublimer leurs petits plats .

            Fini la corvée de patates grâce à la purée de pomme de terre en flocons:  

    1963. Après la disparition de Julius Maggi en 1912 , ses successeurs prennent la relève .

    Début des années 60 , les mamans rêvent de gagner du temps et de se libérer de certaines corvées , comme l'épluchage des patates .

    Maggi lance alors la purée de pommes de terre en flocons : la purée mousline .

    C'est la révolution , en un coup de fouet , voilà une purée savoureuse et onctueuse .

            Une toute nouvelle façon de cuisiner avec les papillotes :  

    2010 . Les femmes cherchent à faire plaisir à leur famille tout en travaillant .

    Elles sont à la recherche des solutions pratiques pour régaler leurs proches et se faciliter la cuisine au quotidien .

    Maggi invente les papillotes : une nouvelle façon de cuisiner pour obtenir en un tour de main une viande ou un poisson tendre et savoureux sans ajout de matières grasses pour cuisson .

    Et le four reste propre !


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    Voici un texte  écrit par Rita Dranginis   paru en 1974 dans la revue "Sélection du Reader's Digest  ...  

            " Moi,  l'enfant retardé  (A méditer ...)  

           Dans vos yeux , je lis la pitié,  

    le souci ou l'indifférence ,

    moi l'enfant retardé .

    Mais vous me voyez du dehors .

    Si je pouvais , je vous dirais

    ce qui est au-dedans

            Je ne suis pas si différent .  

    Je sens la douleur et la faim.

    Je ne sais pas, poliment ,

    demander un verre d'eau ,

    mais je connais

    le goût brûlant de la soif .

    Un moustique me pique , et ça

    démange , et l'abeille m'effraye .

    Avec un bon chocolat chaud ,

    je me sens bien à la cuisine ,

    quand la neige colle au carreau.

            En quittant maman  

    pour monter dans le bus jaune

    de l'école , j'avais comme

    un gros poids sur mon coeur

    et je cherchais sans espoir

    une issue par où fuir .

            Au parc où ma soeur me conduit ,  

    les enfants me raillent .

    Elle pleure et m'entraîne

    à la maison . Tout tourne , j'ai chaud

    et j'ai du mal à respirer .

    Maman me serre , les larmes aux yeux ,

    me raconte une histoire ..

    J'oublie les cris moqueurs .

    Quand j'ai bien mis mes habits ,

    maman me tapote la tête :

    <<Bravo Jacky >> Je me sens

    tout fier . Aussi fort que Gérard

    qui est en cinquième .

    Enfant je suis .Enfant

    je vais rester , toujours ...

    Les nounours et la fourrure

    des chiens me rassurent .

    J'adore les jouets des petits :

    le ballon et le cerf-volant ,

    et le charriot qu'on tire .

    J'aime glisser sur une pente

    et atterrir en bas , tout étourdi .

    J'aime la luge sur la neige douce ,

    le baiser mouillé de la pluie.

            C'est bon de se faire cajoler ,  

    mais , pour mon bien , on doit

    me traiter comme un grand .

    J'ai besoin non qu'on s'apitoye ,

    mais qu'on respecte mes efforts .

    Je suis lent , je peine

    à ce qui vous paraît facile ,

    <<Demain >>, pour moi , c'est difficile

    à imaginer .

    Pour pédaler sur un tricycle bleu ,

    il m'a fallu des mois

    mais que j'étais heureux

    quand mes pieds ont enfin obéi

    et que les roues ont tournées !

    Quelle fierté

    quand j'ai su ouvrir le robinet

    pour avoir de l'eau !

    Je ne voulais plus le fermer !.

    Je puis apprendre , à mon pas,

    si l'on est patient avec moi ;

    trouver une place dans ce monde

    où l'on n'aime plus la lenteur .

            Dites-moi si je suis quelqu'un  

    qui peut souffrir , aimer et rire .

    Je suis un enfant qu'il faut guider

    et encourager .

    Et simplement , parfois ,

    à qui il faut sourire .


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  •         Autorité . Compétence.  Simplicité .  Alliées à un charme naturel indéniable , ont fait de Simone Veil  .

    la figure la plus populaire du gouvernement                

         

    Madame le Ministre de la Santé

          Bergen-Belsen , le 7 mai 1945 . Voici deux jours que les détenus du camp de la mort ont rassemblé ce qui leur restait de force pour faire un accueil enthousiaste à leurs libérateurs .

    Maintenant , un officier britannique engage la conversation avec une déportée

    << avez -vous des enfants ? >> lui demande t'il

    << heu ...Quel âge me donnez-vous >> questionne à son tour le petit squelette qui flotte dans son uniforme rayé .

    L'officier réfléchit :

    << quarante ans ?>>

    La déportée Simone Jacob n'en avait que dix-huit.

            A quarante-neuf ans , Simone Jacob , devenue Mme Veil , en paraît dix de moins .  

    Ministre de la santé publique depuis mai 1974 - et première femme au gouvernement depuis Germaine Poinso- Chapuis en 1948 - , c'est à elle qu'est revenue la tâche redoutable de défendre devant l'assemblée nationale le dossier de l'avortement qui divisait le pays depuis des mois . Elle s'en acquitta avec une telle autorité que l'un de ses adversaires s'écria :

    << Simone Veil est le seul homme du gouvernement >>

    Voilà , rétorqua le nouveau ministre , une remarque typiquement misogyne .

    Simone Veil a rapidement conquis les français . Inconnue auparavant , elle obtenait , moins d'un an plus tard , 55% d'opinions favorables dans un sondage de popularité , dépassant ainsi toutes les vedettes de la vie politique .

            Certes , son charme personnel , son visage régulier aux grands yeux verts , son élégance discrète et son pas décidé lorsque les caméras la surprennent traversant la cour de l'Elisée ont compté pour beaucoup dans cette cote d'amour .  

    Simone Veil plaît naturellement aux hommes et les femmes s'identifient à elle : madame le ministre est mère de trois garçons , grand-mère d'une petite fille et s'occupe elle-même de sa maison . 

        Mais il y a en elle autre chose , d'assez indéfinissable , que j'ai perçu dès que je l'ai rencontrée dans son vaste bureau du bâtiment qui abrite , avenue de Ségur , les 2500 fonctionnaires de son ministère . Peut-être est - ce cette sereine détermination émanant de ceux qui , un jour, ont touché le fond de la détresse humaine et s'en sont relevés .  

            Quand je lui demande comment elle explique sa brusque popularité n d'une voix posée , elle me répond  

    << Mon seul secret , c'est le goût de la vie , l'attrait des choses fondamentales >> .

            Elle eut une enfance heureuse . Son père , l'architecte André Jacob , second prix de Rome , avait ouvert son cabinet à Nice .  

            Au lycée , les professeurs de Simone notent son caractère volontaire , voire indiscipliné. On la juge vive , intelligente et rebelle . Aux éclaireuses de France , on la totémise << lièvre agité >>   

            Et c'est la guerre . En 1940 , les Jacob se sont déclarés juifs comme l'exigeaient les autorités . Ils ne sont pas pratiquants et pensent d'abord à une simple formalité . Mais en 1942 les allemands déferlent sur la zone libre . Selon Adolf Eichmann , 100 000 juifs français doivent être déportés. Les Jacob se dispersent , dorment chez des amis et changent souvent de domicile .  

            En mars 1944, le lendemain de son baccalauréat , Simone est arrêtée dans la rue par la gestapo .Avec sa mère et sa sœur Milou , elle est envoyée à Auschwitz ; sa sœur Denise , alors dans la résistance , sera arrêtée plus tard et envoyée à Ravensbrück . D'André Jacob et de son fils Jean arrêtés eux aussi ,on ne retrouvera jamais la trace .  

            A Auschwitz, les plus faibles , enfants compris , sont immédiatement dirigés vers les chambres à gaz . On affecte Simone , le bras tatoué du n° 78651, à des travaux de terrassement sur la route de Cracovie . Sur ces treize mois de <<nuit et brouillard >> , Simone Veil , aujourd'hui encore , préfère garder le silence .  

            une boulimie de vie . Après sa libération et un mois de convalescence en suisse , Simone est de retour en France . Ni sa mère , ni son père , ni son frère Jean ne reviendront . Dérisoire consolation : Simone apprend qu'elle a été reçue aux épreuves du baccalauréat présenté la veille de son arrestation . Puisque le sort en a décidé ainsi , elle s'inscrit à la faculté de droit et à l'école des sciences politiques . C'est là qu'elle rencontre Antoine Veil . En octobre 1946 , ils se marient , et, un an plus tard , Jean , leur premier enfant vient au monde . L'année suivante naît un second fils , Claude-Nicolas .  

            C'est une véritable boulimie de vie . Dans la journée , Simone potasse ses cours en berçant ses enfants . Le soir , les jeunes époux  (ils 'ont a eux deux que trente-neuf ans ! ) vont au restaurant , au cinéma  et dans ces boîtes devenues fameuses , où se retrouvent ceux que l'on appelait abusivement les <<existentialistes >> . En juin 1948, Simone passe brillamment ses diplômes .  

            Antoine , au sortir de l'école des sciences politiques , est envoyé à Wiesbaden , puis à Stuttgart . Sa famille l'accompagne . Puis il entre à l'école nationale d 'administration et devient inspecteur des finances . Entre-temps , ils ont eu un troisième fils Pierre-François . Simone se sent un peu à l'étroit dans ses taches de femme de haut fonctionnaire . Elle s'en acquitte avec bonne grâce , mais rêve de devenir avocate .on mari l'en dissuadera en prétendant qu'une avocate est << trop  indépendante >>. Simone choisit alors la magistrature .  

            Reçue cinquième au concours de la magistrature en 1956 , Simone entre à la chancellerie . Elle est affectée à la condition pénitenciére . Elle ne tarde pas à s'y faire une réputation d'efficacité , de conscience et d'ouverture aux incidences humaines de chaque décision . Le moindre doute est toujours résolu à l'avantage du détenu . On voit souvent Simone Veil dans les prisons et, pour certains , elle incarne la << nouvelle vague >> , elle passe aux Affaires civiles , et se spécialise dans les problèmes de l'adoption .  

            Lorsque René Pleven accède au ministère de la justice en 1969, il remarque ses qualités et en fait sa conseillère technique . Elle l'accompagne à l'Assemblée nationale , observe , apprend , se fait connaître par la justesse de ses vues et la vivacité de ses reparties .Un an plus tard , Georges Pompidou la nomme secrétaire général du conseil supérieur de la magistrature .Et puis , en mai 1974 , Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac la choisissent parmi une quinzaine de <<ministrables>> , tous rompus à l'exercice du pouvoir , pour assurer les fonctions de ministre de la santé .  Consciencieuse à l'excès . Aujourd'hui , Simone Veil n'a rien perdu de son extraordinaire simplicité ni de sa disponibilité . Tous les membres de son cabinet (neuf hommes et quatre femmes ) peuvent pousser sa porte à tout moment . Son aptitude à assimiler les dossiers les plus ardus est devenue proverbiale , et elle ne prend une décision que quand elle est certaine d(avoir réuni tous les éléments . Pour Jacques Chirac , le seul défaut de son ministre de la santé serais d'être parfois <<consciencieuse à l'excès>>  . En fait , cette femme qui d'ordinaire se contrôle si bien est aussi capable de grandes colères . On se souvient , au ministère , de sa fureur lorsqu'elle apprit que , contrairement à la politique fixée , qui était d'intégrer les départements mentaux dans l'hôpital général , on continuait à construire des hôpitaux psychiatriques.

            Elle a parfois du mal à cacher sa profonde émotivité . En juin 1974 , lors de sa première conférence de presse , elle fut d'abord incapable d'articuler un seul mot . Un verre d'eau sauva la situation .  

            On remarqua aussi  , ce jour-là , qu'elle fumait beaucoup . Une photo la représentant une cigarette à la main fut même publiée dans la presse , alors qu'elle était en pleine préparation d'une grande campagne anti-tabac . Elle reçut de nombreuses lettres qui lui faisaient remarquer qu'un ministre de la santé se doit de montrer l'exemple . Furieuse contre elle-même , elle se jura de ne plus jamais fumer en public . Pendant les quatre-vingt-dix minutes que dura notre entretien, elle n'a , en effet , pas touché une seule cigarette .  

            Mais c'est la manière dont  elle défend le fameux projet de loi sur l'interruption volontaire de la grossesse , que les Français  découvrent sa personnalité hors du commun . Le président Valéry Giscard d'Estaing lui a confié le dossier au lendemain même de son arrivée avenue de Ségur . Lourde responsabilité à laquelle Simone Veil s'attelle avec la ferme intention de mettre une fois pour toutes , fin au scandale de l'avortement clandestin : 350 000 à 800 000 <<interventions >> se pratiquent chaque année en France , généralement dans des conditions d'hygiène lamentables .  

            Le débat , véritable marathon parlementaire , durera plus de vingt-cinq heure . Simone Veil défend pied à pied son texte . Si elle rend hommage à ses adversaires qu'agitent de douloureux problèmes de conscience , c'est aussitôt pour leur rappeler que << le courage consiste parfois à ouvrir les yeux >> . Finalement , le projet est adopté par 284 voix contre 189 .  

            << humaniser les hôpitaux >>.  La nouvelle loi ne permet  l'avortement qu'avant la fin de la dixième semaine de grossesse . Il ne doit en aucun cas << constituer un moyen de régulation des naissances >> . Dans ce souci , le gouvernement crée 159 centres d'information et de planification familiale et 300 établissements d'orientation comprenant chacun un médecin et une sage-femme . Un délai de réflexion d'une semaine est imposé à la femme qui désire avorter , pour mûrir sa décision .  

           Mais la loi engendre un surcroît de travail et des difficultés pour les hôpitaux déjà surchargés , où l'on manque de lits , d'infirmières et de personnel . Mme Veil voudrait parvenir à la création d'<<hôpitaux de jour >> , où l'interruption de grossesse serait pratiquée dans la journée , après une série d'examens et suivie de quelques heures de repos .  

            Bien que le budget de 1975 ait affecté 1 313 millions de francs à la construction des hôpitaux , soit 20 % de plus que l'année précédente , le ministre a conscience que le  << béton ne résout pas tous les problèmes  >>  Il faut humaniser les hôpitaux dit-elle , mais l'humanisation n'est possible que si le personnel est suffisamment disponible .  

            Or , il manque 20 000 infirmières en France ; 30 nouvelles écoles ont été crées et des mesures viennent d'être prises pour améliorer les horaires , les conditions de vie et la rémunération des infirmières . Mais il reste beaucoup à faire .  

            Dans le corps médical , il y a trop de spécialistes par rapport aux généralistes . Afin d'aider les jeunes à opter pour la médecine générale , un décret , en préparation au Conseil d'Etat , donnera plus de facilités aux généralistes dans l'exercice de leurs fonctions : création de cabinet de groupe , secrétariat commun à plusieurs médecins , etc...  

            Multiples taches . Une série d'autres mesures sont attendues : Vaccinations contre la toxoplasmose  et la rubéole , afin de mieux protéger les femmes enceintes , congés de maternité  allongées , protection de l'enfance par l'ouverture de nouvelles crèches et par une loi plus juste concernant l'adoption .  De nombreux autres problèmes concernant les personnes âgées , les handicapés physiques , la lutte contre l'alcoolisme , la drogue , le tabagisme font partie des préoccupations du ministre .  

            Pour faire face à toutes ces taches , Simone Veil est à son bureau dès 9 heures du matin . Ce n'est que vers 10 heures du soir qu'elle peut enfin partager avec son mari une salade et des œufs durs . Et qu'elle ne peut se retrouver en famille que le dimanche .  

            Confronté à l'extraordinaire réussite de sa femme , Antoine Veil fait preuve de détachement et d'humour . S'il reçoit un carton officiel adressé à <<madame le ministre de la santé et Monsieur Simone Veil >> , pince-sans-rire remarque : <<en somme, je suis le prince consort >>.  

            Simone Veil reconnaît qu'être seule parmi les hommes l'a plutôt aidée , mais seulement <<une fois surmontés les obstacles dus à la méfiance naturelle des hommes à l'égard de celles qui se lancent dans une carrière >>.  

    et elle ajoute , songeuse ; << c'est difficile de changer la vie . C'est long . Cela exige de la patience , de l'obstination et beaucoup de réflexion >> .

            C'est trois qualités , le ministre de la santé les possède à l'évidence , en plus de la force de caractère . Peut-être n'est-il pas indiscret de rapporter que , en janvier 4975 , Jacques Chirac déclarait : << Mme Veil ferait un très bon premier ministre >>  

            Prophétie ou simple boutade ? qui sait ? En tout cas , tout le monde est d'accord pour penser que la carrière de Simone Veil ne fait que débuter(source : condensé de lecture du reader'sdigest d'avril 1976) 

     

     


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  •                         Elle attaque les poumons, le cœur et le cerveau .Pourtant les Français en ont légalement acheté et consommé en 1973  soixante-douze milliards de doses .

            A première vue , cette mère de deux jolies adolescentes aurait pu passer pour leur sœur . Mais c'était hier . Aujourd'hui , on a sous les yeux une vision de cauchemar : un corps nu sur une table d'autopsie , le torse ensanglanté, le visage atrocement défiguré . Le cuir chevelu scalpé et rabattu en arrière découvre une cavité où autrefois fonctionnait un cerveau . Une tumeur cérébrale est la cause du décès , le rapport médical l'indique .  

          Cet homme fut un avocat éminent de la grande ville où il exerçait . Le voilà maintenant calé droit su son lit d'hôpital , le regard absent , perdu dans le vide .Dans l'éternité , en fait , car il est mort .<<défaillance cardiaque >> , porte le certificat médical .  

            En rentrant de faire ses courses , la femme du doyen ouvre la porte du cabinet de travail de son mari  et pousse un cri . Le doyen gît dans une mare de sang ; les murs et le plafond sont constellés des débris de ce cerveau qui a tant travaillé .<<blessure par coup de feu dans l'intention de se donner la mort >> dit le procès-verbal du médecin légiste .    

    Trois décès , trois constatations :

    tumeur cérébrale , crise cardiaque , suicide . Pourtant à l'arrière plan de ces verdicts , apparemment dissemblables , ,se dissimule une sinistre vérité ; ces trois morts sont imputables , à des degrés divers , à une même drogue que la société admet et que la loi autorise , une drogue vendue ouvertement , chaque année par milliards de doses . C'est la nicotine , contenue dans les cigarettes dont tant d'entre nous sont esclaves . N'eût été la nicotine , ces esclaves ne se seraient probablement pas produits .

            Dans le cas de la tumeur au cerveau , l'examen des tissus cérébraux de la jeune mère a décelé un cancer dont le type de cellules apparaît d'ordinaire dans les bronches des grands fumeurs de cigarettes. Dee là, il se répand aisément dans le courant sanguin venant des poumons , à travers les myriades de capillaires du corps , pour envahir les autres organes , le cerveau en particulier , en terrain de prédilection  de ses exploits meurtriers . Un fait à noter : cette femme était une grande fumeuse , et, comme on devait s'y attendre , la lésion originelle fut trouvée dans un de ses poumon . La mort s'ensuivit.  

            Dans le cas de l'avocat mort d'une crise cardiaque , l'autopsie a révélé un cœur normal , sans indication de thrombose (caillot de sang ) . Mais cet homme en observation à cause de douloureuses crises d'angine de poitrine , il était interdit de fumer . Cet ordre était formel , car le <<doping>> de la nicotine est en réalité un choc de nature chimique infligé aux ganglions du système nerveux autonome , ou sympathique , qui comprend les fibrilles nerveuses du cœur et des artères . Mais cet homme , incapable de résister à la tentation , avait allumé la cigarette interdite . Or , ce grand fumeur intoxiqué par la cigarette , avait un muscle cardiaque extrêmement sensibilisé à la nicotine . A ce degré d'hypersensibilisation , un spasme des artères coronaires suffit à réduire l'apport de sang au muscle cardiaque et à perturber le rythme normal des pulsation du cœur , qui se contracte alors de façon violente et désordonnée (fibrillation ventriculaire) .  

            Le cas du suicide était typique . Comme la notice nécrologique l'expliquait avec tact ; << la mort fut soudaine ..malade depuis quelques temps ...>> Mais la famille et les amis savaient la vérité ; cet homme avait détruit sa santé par son besoin morbide de nicotine ; cette habitude était devenue une sorte de suicide , et il n'avait pu supporter plus longtemps les tortures de l'emphysème des fumeurs .   

            La nicotine est, de toute évidence , une substance dangereuse . En septembre 1967 , à la première conférence mondiale sur la santé et le tabac , qui réunit 34 nations , un colloque fut organisé sur le thème : le tabagisme , l'habitude invertébré du tabac et sa pharmacologie . En conclusion , on s'accorda à déclarer que l'action probable de la nicotine <<pourrait lier l'esclavage de la cigarette aux autres formes majeures de dépendance , comme celle de l'héroïne et de l'alcool >>.  

            bien que la plupart des fumeurs n'en aient pas conscience , le stimulant qu'ils inhalent est un alcaloïde volatil toxique (C10H14N2) classé par la pharmacologie comme poison nerveux d'une puissance telle que l'injection d'une seule goutte provoquerait une mort instantanée . En fait , on pense que l'action toxique de la nicotine cause ,chaque année , plus de décès que la )lus implacable des drogues ; l'effroyable héroïne ....

    Le danger mortel qu'elle représente vient , pense -t-on , d'une interaction chimique telle qu'elle ouvrirait la porte à toute une série d'agents cancérigènes , de poisons , de substances polluantes pour les poumons , contenues dans la fumée des cigarettes . Parmi les substances potentielles mortelles présentes celle des cigarettes américaines , par exemple , on trouve au moins  7 hydrocarbures cancérigènes connus et bon nombre d'autres soupçonnés de l'être . Elle recèle aussi de 15 à 20 substances soit irritantes , soit toxiques , dont les concentrations , à l'échelle du million , sont proprement ahurissantes . Le cyanure d'hydrogène, par exemple , un poison des plus redoutables , dont la concentration dans la fumée atteint 1 600 parties pour 1 000 000 (alors que dans l'industrie la tolérance est de 10 parties pour 1 000 000 ). Citons encore l'oxyde de carbone dont la concentration dans la fumée est 1 000 fois plus forte que le niveau permis dans l'air ambiant .

            Aujourd'hui , aux Etats-Unis , l'abus des cigarettes provoque annuellement 360 000 morts connues , soit une moyenne de 1 000 par jour , autrement dit un taux de mortalité presque 7 fois plus élevé que celui des accidents de la route .  

            D'après le Pr Pierre Denoix , directeur de l'institut Gustave Roussy , on est sûr aujourd'hui que sur 100 cancers du poumon 90 surviennent chez des fumeurs ; en ce qui concerne la bronchite chronique (qui frappe 25 000 français chaque année ) , on sait également qu'elle atteint 10 fois plus de fumeurs que de non-fumeurs . Mais que dire des victimes ignorées du tabac ? Les maladies cardio-vasculaires , par exemple , font chaque année 225 000 morts en France . Elles représentent à elles seules plus de 40 % de la totalité des décès de notre pays .  

            Selon le Dr Alton Ochsner , chef de la célèbre clinique Ochsner de la nouvelle-Orléans et l'un des meilleurs chirurgiens au monde du cancer du poumon , le nombre des décès par maladies cardio-vasculaires réellement occasionnées ou favorisées par la cigarette atteint un total extravagant . Le Dr Ochsner cite trois facteurs médicaux qui contribuent au développement de ces infections .

     Le manque d'oxygène

    L'emphysème , qui affecte presque exclusivement les fumeurs , fait partie de ces maladies bronchopulmonaires qui imposent au coeur affamé d'oxygène un pénible effort . Elles détruisent , en effet , ou congestionnent les alvéoles pulmonaires , minuscules sacs où s'effectue l'échange des déchets de gaz carbonique , apportés par le sang , contre l'oxygène . Dans un centre médical américain , des rapports ont montré que 30 % des malades chez qui on avait diagnostiqué une insuffisance cardiaque souffraient également d'emphysème .

    Un cœur qui s'emballe

    En stimulant le coeur , la nicotine en accroît le rythme d'au moins 20 pulsations par minute . Cette accélération peut durer jusqu'à 20 minutes après l'inhalation d'une cigarette , ce qui représente quelque 10 000 pulsations de plus par jour pour la plupart des fumeurrs n c'est-à-dire une somme épuisante de travail supplémentaire à cet organe .     

    Des problèmes respiratoires

    La nicotine porte encore un préjudice au coeur , par l'effet de vasoconstriction qu'elle produit . Cette drogue puissante provoque une constrition des vaisseaux sanguins (véritable occlusion spasmodique des artères) qui peut entraîner un abaissement de près de 5,5% de la température des doigts et des orteils après l'inhalation d'une cigarette .

            En 1971 , un rapport de l'académie royale de médecine de Grande Bretagne précisait : << l'abus des cigarettes est aujourd'hui aussi meurtrier que furent meurtrières les grandes maladies épidémiques telles que la fièvre typhoïde, le choléra et la tuberculose qui frappèrent les générations précédentes de notre pays .>>    

    De fait

     Dans l'Europe de l'Ouest , le nombre estimé des décès dus à toutes les épidémies de typhoïde depuis le début du XVIe siècle reste inférieur au nombre des morts causées en un an par la cigarette , rien qu'aux Etats-Unis .

     Les cigarettes ont fait plus de victimes que les épidémies de tuberculose n'en ont fait en Europe dans tout le XIXe siècle .

     Au d'Annemark , où les autopsies sont obligatoires pour tous les décès , un haut fonctionnaire du ministère de la santé publique a déclaré : <<Nous sommes au bord d'une des plus grandes catastrophes de l'histoire de la médecine >>.

            Les faits en parlent :   Il est certain qu'au moins 7 agents cancérigènes et de 15 à 20 produits toxiques connus pénètrent dans des millions de bronches , en moyenne 27 fois par jour et, dans 90% des cas , directement dans les poumons .   

            Il est indispensable que soit appliquée à la cigarette une législation analogue à celle qui vise à proscrire de la fabrication des aliments , des médicaments , des produits de beauté, des vétements , des jouets d'enfants et des produits ménagers l'usage des ingrédients nocfs . Il est tout à fait possible actuellement de fabriquer des cigarettes moins dangereuses et même quasiment inofensives . L'emploi de tabac ne contenant que peu ou point de nicotine , renforcé par une technique de filtration s'élective appropriée , éliminerait presque tous les dangers qui guettent le fumeur . Mais il éliminerait aussi le facteur dépendance qui a fait de la fabrication des cigarettes une industrie lucrative .   (source : Reader's Digest , novembre 1973)

     


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    Armand trousseau-horz

    Photo de Armand Trousseau , célèbre médecin Du XIXe siècle ,donna son nom à un hôpital parisien (ici à droite )

            En 1828, une effroyable épidémie de diphtérie , le redoutable croup , fait des ravages en Sologne , où un jeune médecin de 27 ans a été envoyé en renfort auprès de ses confrères : << le jour de pentecôte , raconte-il , un paysan vint me chercher  pour sa femme qui s'étouffait .En arrivant , je trouvai une femme de 26 ans, encore vêtue de ses habits de fête : elle était expirante ... Seule la trachéotomie (connue depuis la fin du XVIIIe siècle , la trachéotomie consistait en <<l'ouverture de la trachée-artère pour donner à l'air la liberté d'entrer dans les poumons et d'en sortir>>.)pouvait empêcher la mort immédiate . Sans plus attendre , je me mis en devoir de la pratiquer , j'étais seul, sans autre aide que le mari , sans autre instrument qu'un canif à lame convexe que j'avais heureusement sur moi . Puis je fus obligé , à défaut de canule trachéale , d'en fabriquer une grossière avec une balle de plomb que j'aplatis avec un marteau et que je façonnais en une espèce de tube ...>>  

            Avec ce moyen de fortune , le médecin permet à la mourante de retrouver sa respiration , que l'obstruction de son arrière-gorge par des mucosités infectieuses rendait impossible . Sans anesthésie, sans précautions d'asepsie, la malade est sauvée grâce à l'ingéniosité bricoleuse du médecin venu de Paris . Il s'appelle Armand Trousseau et il deviendra , en quelques années , l'un des médecins les plus éminents de son époque , connu du monde entier pour sa compétence et les découvertes qui jalonnent sa relativement courte existence ""il mourra à 66 ans.  

            Rien pourtant ne prédisposait ce tourangeau , né dans la capitale de la Touraine le 14 octobre 1801, à une carrière médicale : fils d'un modeste instituteur qui a ouvert une petite école privée , le jeune Armand , poussé par son père , fait de sérieuses études au collège de Lyon , où il est le condisciple du futur historien Edgar Quinet .   C'est alors que , au hasard d'une rencontre il fait la connaissance du docteur Pierre Bretonneau , de vingt-trois ans son aîné , médecin-chef de l'hospice général de Tours . Bretonneau , qui est un <<découvreur d'hommes >> , conseille au jeune professeur dont l'ouverture d'esprit l'a séduit : << Soyez médecin ! >> Subjugué par le conseil de cette gloire tourangelle qu'est Bretonneau (il a déjà suscité leur vocation au chirurgien Velpeau et au psychiatre Moreau de Tours ) , Armand s'inscrit à la faculté de Paris . Son premier stage le mène chez le célèbre docteur Récamier à L'hôtel-Dieu, où il aide le maître à soigner les dothiénentéritiques (ainsi appelait-on les malades atteints de typhoïde), en leur faisant subir des douches à répétition , <<Deux malades sont arrivés ensemble, raconte-t-il . M Récamier les a aspergés séance tenante . Il fait asseoir le malade nu dans une baignoire et lui verse sur la tête de grandes bassines d'eau d'abord à 25° c , puis à la température du robinet d'eau froide : cela dure cinq à six minutes . On nous ramène des gens dans leur lit , on les couvre et voilà qui est dit ...>> Cette thérapeutique par les bains sera utilisée pendant tout le XIX e siècle !  

    <<Les médecins sont bien menteurs et la nature .... bien puissante >>  

    En octobre 1825, , Trousseau passe sa thèse Et poursuit brillamment ses études , fréquente ses pairs à l'hôpital du Val- de-grâce , puis à L'Hôtel-Dieu . Il constate non sans ironie , qu'il <<y apprend bien peu de chose , sinon que les médecins sont bien menteurs et la nature aussi ....puissante >>(sic!). Il porte sur l'illustre Broussais , de trente ans son aîné , ce jugement mi-figue, mi-raisin: <<Broussais ? Comme théoricien , c'est un animal ... Comme médecin , dans les maladies graves , il gouverne bien ses malades .>>  

            En 1828, Trousseau qui a réussi à tous ses concours universitaire (il est jeune agrégé ) est envoyé par le gouvernement de Charles X à Gibraltar , où sévit une épidémie de fièvre jaune . Il en est lui-même victime en décembre et revient en France , où il reçoit , pour son action pendant l'épidémie , la légion d'honneur .. U <<petit brimborion rouge >>comme il l'appelle drôlement .  

            En 1830, il travaille toujours comme assistant du docteur Récamier , passant le rste de son temps à soigner des malades en ville et à proposer ses cours à la faculté . Toujours à court d'argent , il <<voit des malades en petit nombre , il est vrai , mais qui demeurent l'un aux Invalides , l'autre à la Bastille >> et complète ses fins de mois en <<grattant du papier pour un libraire >> .A l'Hôtel-Dieu , il inaugure , à l'étonnement de certains de ses confrères qui trouvent qu'il <<manie de redoutables toxiques >>, plusieurs traitements efficaces : à base de fer pour les chlorotiques (on dirait aujourd'hui les anémiés) ; de quinquina pour les fiévreux ; d'antimoine et de kermès (minéral pulvérisé) pour les <<pneumoniques >>; de purgatifs pour les phlegmasies (gonflements douloureux ) des voies digestives .

    << La médecine est l'art de guérir , elle n'est que cela >> 

            Et comble d'audace , il n'utilise pratiquement jamais de saignées , au grand scandale de la plupart de ses confrères . Qu'importe , d'ailleurs , car ses remèdes sont actifs . Il voit les globules sanguins de ses malades se <<régénérer>>; il constate le retour de l'appétit chez les malades de l'estomac . En bref , il acquiert vite une réputation de bon médecin , car il agit avec efficacité , N'a-t-il pas pour formule :<< la médecine est l'art de guérir , elle nest que cela  >>, maxime révolutionnaire pour son temps ? En 1830 Armand Trousseau épouse Germaine Stéphanie Caillot , un mariage de raison , semble-t-il . Le couple aura deux enfants dont un fils Georges , qui fera parler de lui de façon assez déplaisante pour ses parents .  

         En 1832 , Armand est atteint par le choléra , dont une épidémie submerge l'Europe . Le médecin , qui surmonte le mal assez rapidement , se livre à une bien interressante confidence où se profilent des préoccupations sociales alors à l'honneur :<< Il faut garder la chambre dès l'instant que se montre la diarrhée . Les gens du peuple périssent parce qu'ils bataillent en travaillant . Les gens du monde guérissent parce qu'ils se mettent au lit à la moindre colique ,>>  

            Dès 1852 , Trousseau est nommé à l'Hôtel-Dieu , où il restera pendant douze années , partageant son temps entre ses soins aux malades et ses cours aux étudiants , réunis en volumes qui constitueront jusqu'en 1914 , du moins pour leur plus grande partie , la bible thérapeutique des médecins Français , Trousseau a tout vu , tout étudié et in serait impossible de résumer l'ensemble de ses travaux , tant ils sont divers , couvrant l'ensemble des maladies humaines .  Soulignons que cette fameuse trachéotomie , dont il fut l'inlassable propagateur dans les cas graves de diphtérie, permit de sauver 30% des opérés qui , sans elle , succombaient immanquablement .  

            Homme de coeur , Trousseau se désole , dans <<sa passion toujours jeune et ardente pour la médecine >> , de ne pouvoir faire mieux ! perd-il deuxmalades trachéotomisés par ses soins ? Il s'en ouvre à Bretonneau ,<< Je suis horriblement malheureux de ces désastres , lui écrit-il le 13 janvier 1854 ... Je perd confiance en moi , Cet affreux poison est plus malin que vous ne l'avez dit . Depuis deux ans , il m'a tué 7 ou 8 malades , plus en deux ans que je n'en avais vu mourrir en vingt ans . Venez à mon secours ...>>  

            Cette humanité compatissante pour ses malades , Armand Trousseau la montrera à tous et à toutes . Hospitalise-t-il quelques prostituées dans son service , il note cette observation :>< Les femmes perdues qui entrent dans les hôpitaux n'ont de respect pour nous qu'à la condition que nous en ayons pour elles . Elles nous savent gré d'une retenue qu'elles railleraient peut-être ailleurs et je ne suis pas sûr qu'elles n'emportent pas de l'hôpital de meilleurs sentiments quand elles y ont été traitées avec les même égards que les pauvres filles dignes de tous nos respects qui souffrent dans   des lits voisins .>>

            Sur le plan des traitements , Trousseau est aussi efficace que prudent .Trois exemples le montrent  :  

     Dans les ulcères de l'estomac , dès 1833, il prescrit , en cures de vingt jours par mois , le sous-nitrate de bismuth à la dose de 10 à 20 grammes .Or , c'est actuellement une dose de 15 grammes par jour pendant 15 jours par mois qui est utilisée . Si la thérapeutique n'a pas changé depuis cent soixante ans , c'est qu'elle a fait ses preuves .

     Pour l'asthme , Trousseau emploie sans abus et selon les réactions des malades les médicaments de son époque (datura, opium, jusquiame, belladone,compresses d'ammoniac  sur la partie postérieure du pharinx ) , mais insiste , pour le choix de tel ou tel d'entre eux , sur les réactions individuelles du patient .

     Dans la goutte , le médecin de l'hôtel-Dieu , s'abstient d'utiliser la colchicine lors des attaques aiguës . Car s'il <<enrayait , et c'est facile , les excès du mal , il courrait le risque de les voir revenir à intervalles plus rapprochés et de changer une goutte franche et passagère en une goutte froide et persistante >>. Cette attitude d'abstention thérapeutique est rare dans son siècle !

            Enfin , son maître Bretonneau avait , bien avant Pasteur suspecté l'existence de <<germes spéciaux donnant naissance à chaque maladie contagieuse ,les fléaux épidémiques n'étant engendrés et disséminés que par leur germe reproducteur >> . Fidèle à cette leçon , Trousseau en 1854 , lui écrivait à propos de chaque nouveau cas de maladie contagieuse qu'il constatait :<<Je ferai bruler les lits et les couvertures ,je ferai jeter au feu les papiers de tentures , car ils ont un velouté pernicieux , attractif et rétentif . J'engagerai la mère à se purifier comme une hindoue . Autrement , quelle querelle ne me ferez-vous pas ? >>  

            Par un de ces coups diaboliques du destin , Armand Trousseau succomba à un mal cancéreux de l'estomac qu'in avait diagnostiqué . Lui-même avait décrit un signe annonciateur de la fin du malade (une douleur des membres inférieurs .Or il ressentit cette douleur le 1er janvier 1867, confiant à son ami Lejeay: <<Je sais que je suis perdu , mon bon ami . J'en ai pour six semaines ou six mois... >> ).  

            Il s'éteignit le 23 juin de la même année , en prononçant le nom de son fils Georges , ce fils maudit qu'il avait chassé de la maison familiale en 1854 après qu'il eut perdu au jeu une somme considérable que le père avait dû rembourser . Ce Georges , quel bohème ! Il avait fait un an de médecine auprès de son père , puis tout abandonné pour se livrer à la débauche . D'où le drame de 1854.  

            Un de ses amis retrouva Georges en 1873 à honolulu , capitale du royaume d'Hawaï , encore libre , où le roi Lunilano 1er l'a nommé <<médecin chirurgien consultant de l'hôpital >> , depuis le jour où , seul de tous les médecins présents dans les îles , il a su diagnostiquer à temps les premiers cas d'une épidémie de variole . Comment ? Georges s'était souvenu d'une leçon de son père où celui-ci avait indiqué qu'au début du mal apparaît presque toujours un signe révélateur : une douleur siégeant au niveau du rachis lombaire . Or c'est cette douleur annonciatrice de la maldie que Georges avait observée chez les premiers patients qu'il avait examinés! Six ans après sa mort , une leçon d'Armand Trousseau avait servi à son fils pour , enfin , entrer dans le droit chemin de la médecine , celui qu'avait suivi , pendant toute son existence , le grand médecin tourangeau , dont deux hôpitaux (à Tours et à Paris ) , de nombreux services et quelques cliniques portent le nom de notre pays (source : Pierre Bourget , Top Santé ;avril 1996)

     

     


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  •                         Jusqu'en 1877 , seules les religieuses s'occupaient des malades .  

            Le 1er mai 1900, une novice de 20 ans , Pauline Ledan , est envoyée avec quatorze autres religieuses à l'hôpital Pasteur (Paris) dirigé par le Dr Emile Roux . Celui-ci recherche du personnel jeune pour le former aux nouvelles méthodes mises au point par Louis Pasteur :  

           << Au début , j'ai eu du mal à m'habituer , racontera Pauline , devenue sœur Laure . J'avais peur des malades , car ils souffraient beaucoup ... Je me disais : " Mon Dieu , je ne puis rester " ... Et puis je suis restée , ma mission était là .  

           <<Un jour , j'ai dû maîtriser un jeune homme qui avait une mauvaise scarlatine : il est mort le lendemain . Une autre fois , un malade m'a prise à la gorge et m'a plaquée contre le mur . J'ai crié, personne ne venait . J'étouffais ! Finalement , j'ai été délivrée par une sœur et un interne ...  

            << Nous travaillons énormément à l'hôpital . C'était dur , mais nous avions une devise :"on va essayer" . C'est ce que j'ai fait pendant cinquante-six ans au service des malades : je l'ai quitté en 1956, j'avais 76 ans . Depuis , mon activité est de prier ...>> Ces lignes ont été écrites en 1980 . sœur Laure avait juste 100 ans . (elle est morte peu de temps après ). Elle était resté à l'hôpital Pasteur pendant quatre-vingts ans , exemple sans précédent d'une vie de religieuse hospitalière vouée tout entière à soigner <<ses>>malades .  

            Avec sœur Laure , disparaissait l'une des dernières <<religieuses infirmières >> qui, depuis des siècles , avaient institué des équipes soignantes au chevet des personnes hospitalisées . Elles ont cédé la place à de véritables professionnelles des soins que leurs niveaux d'études , sanctionnées par des diplômes techniques , rendait aptes à faire bénéficier les patients des progrès de la thérapeutique moderne .  

            A l'origine , la vocation des femmes à s'occuper des malades fut, sans aucun doute , d'inspiration religieuse et d'origine royale ou noble . Elle débuta avec l'essor du christianisme dans le bassin méditerranéen . A Byzance (Constantinople) , Placilla , veuve de l'empereur romain Théodore1er , mort en 395 apr. J-C , fut  la première à ouvrir un <<asile de vieillesse pour les femmes pauvres >> , le <<gerocomion>>. Elle même et les dames de la cour impériale s'occupaient des pensionnaires , dans un esprit de dévouement et d'aide à son prochain . Inaugurée par Placilla , cette << charité mondaine >>, comme on l'appellera plus tard , eut de nombreuses imitatrices .  

            Dès son départ , la vocation des soignantes s'affirme donc religieuse , d'où la création , au cours des siècles , d'ordres féminins consacrés aux malades hospitalisés ou recevant des soins chez eux . Pourquoi des femmes et non des hommes , sauf de rares exceptions ? Deux raisons à cela :  

     Les femmes connaissent la douleur (celle de l'enfantement , celle, occasionnelle des règles ) et sont plus aptes à compatir à celle d'autrui . Et ne sont - elles pas plus croyantes , donc psychologiquement plus fortes que les hommes devant la souffrance ?

            Cette évidence , un modeste curé de Châtillon-les-Dombes , Vincent de Paul , l'a utilisée dès 1617 . Il fonde deux confréries de femmes  , les dames de charité , recrutées parmi les nobles et les bourgeoises , et les filles de la charité , composées de <<filles des champs d'humble extraction >>, maintenant , dans le dévouement ,cette distinction entre charité <<mondaine>> et charité populaire .  

            Le 23 novembre 1633 , il crée la première école d'infirmières que le monde est connue . Mais ce n'est qu'une ébauche de formation professionnelle , car la sœur infirmière ne connaît qu'une règle : obéir aveuglément au médecin ! En 1676 , les filles de la charité , les <<sœurs grises>> , comme on les appelle , servent dans plus de cinquante hôpitaux répartis dans le royaume .  

    florence nightingale    Florence Nightingale  fonde en 1857 à Londres ,   La première école de   gardes malades   professionnelles   destinée à former un   personnel qualifié   

    Quel est leur rôle ? D'abord , les taches domestiques . Elles doivent <<tenir les malades nets le plus possible , s'assurer qu'ils ont les pieds lavés , vider leurs bassins >> et leur servir trois repas par jour . Les sœurs grisent assurent aussi la propreté des salles <<en les arrosant et en les balayant au moins deux fois par jour >>.  

            Ensuite les soins . La sœur accompagnera le médecin au lit du malade <<aussi souvent qu'il y est obligé et  qu'il est nécessaire >> ;<<elle fait prendre elle-même au malade les remèdes à l'heure prescrite et doit s'informer auprès des malades de l'effet des remèdes pour être en état de rendre compte aux médecins à la visite suivante >>; enfin , il est défendu <<de donner aucuns remèdes à moins qu'ils n'aient té ordonnés par les médecins >>.  

            Et quand il risque d'y avoir des accidents ? Suivons ce dialogue entre Vincent de Paul et une sœur grise :  

    << Faut-il toujours obéir au médecin ? demande t-elle.

     Oui ! il faut faire ses ordonnances

     Mais , monsieur , s'il ordonne de saigner une personne qui s'en va mourir ?...

     il faut lui obéir et , dans ce cas, si vous voyez qu'il est arrivé un changement à la maladie du malade depuis que le médecin a ordonné la saignée , vous devez faire en sorte de l'en avertir ! >>

            Ces règles de Vincent sont - elles observées ? Non , sans doute , car <<servant Jésus-Christ en la personne des malades >>, les sœurs imaginent des méthodes thérapeutiques que l'instruction rudimentaire délivrée par Vincent de Paul n'a pas prévues . Quant aux soins techniques (pansements, clystères, cautères )? ils sont délivrés par les élèves en chirurgie .  

            Cette description du travail des sœurs hospitalières du temps de Vincent de Paul serait incomplète si l'on ajoutait les recommandations que le prêtre a données à ses filles de charité : <<Elles n'oublieront pas de dire à leurs malades  , de fois à autre , quelques bons mots pour les disposer à la patience , ou à faire une bonne confession générale ou à bien mourir ou bien vivre ... Il faut saluer les malades gaîment et charitablement .>> N'est - ce pas la préfiguration de l'aide psychologique que l'infirmière de nos jours peut apporter aux patients . 

    La première école française d'infirmières fut créée en 1902 .

    La formation devenait nécessaire .

    Innovation importante remontant, elle , au XVe siècle , deux siècles avant Vincent : les béguines (ces femmes ayant fait vœu de chasteté et d'obéissance qui vivent en quasi-collectivité autour d'une chapelle ) ont l'autorisation de visiter les malades à domicile . <<Elles porterons elles-mêmes , lit-on dans un texte de 1630, les remèdes aux malades , les traitant   avec compassion , douceur , respect et dévotion .>> Ainsi  celles qu'on appelle aujourd'hui les <<infirmières libérales >> ont quatre siècles d'existence !

            Le système des sœurs hospitalières durera jusqu'à la révolution : leur congrégations dissoutes , leurs biens <<  nationalisés >> , les religieuses sont remplacées dans les hôpitaux <<par des citoyennes connues pour leur attachement à la république >> ... Mais hélas , presque totalement incompétentes , parce que sans aucune préparation , ni formation .  

     

    personnels soignants 1930    Dés les  années 1930, le personnel soignant et laïque   est formé dans   des écoles spécialisées

    Détail peu connu , cette <<laïcisation >> du personnel soignant des hôpitaux fut demandée bien avant la révolution : une expérience avait été conduite à Lyon au XVIe siècle .Due à un prédicateur de l'ordre des cordeliers , Jean Tisserand , elle avait abouti <<à convertir à pénitence  25 paillardes publiques >> et <<à les mettre en service au grand hôpital du Pont-du-Rhône , pour éviter qu'elles n'aient l'occasion de réchoir en public >> .Au bout de quelques années , les pénitentes , sans doute rebutées par leurs taches auprès des malades , redevinrent pécheresses ...  

            Dés 1796 , les religieuses soignantes récupérèrent leurs places dans les hôpitaux , leurs couvents et , en 1801 , le concordat leur restitua tous leurs biens : par la suite , la mère de Napoléon  fut même appelée <<protectrice des sœurs hospitalières dans toute l'étendue de l'Empire >>. Les hospitalières sont rémunérées et parfois logées à l'hôpital (certaines vont dormir dans leur communauté . Un avantage en nature : nourries à l'hôpital où elles travaillent , elles ont droit <<au bouillon semblable à celui des indigents valides et malades , bouillon fait dans une seule marmite >>.  

            Dés le milieu du XIXe siècle , insensiblement les sœurs de Saint -Vincent de Paul   sont graduellement éliminées des hôpitaux , leur méconnaissance des questions techniques ne leur permettant pas d'assurer des soins corrects aux malades .  

            Dés 1877 , dans les hôpitaux , le personnel religieux n'assure plus que l'intendance et la surveillance , un personnel laïque se chargeant à la fois des gros travaux et des soins .  

    Hélas ! ce personnel , fréquemment illettré , est incompétent et, de surcroît , cupide : souvent , il fait payer aux malades tisanes et cataplasmes  ! Il faut préciser aussi que ces employées , mal payées , se reposent dans des dortoirs garnis de paillasses (occupés le jour par les infirmières de nuit , pendant la nuit par les infirmières de jour .

            Une révolution totale s'impose : elle sera inspirée par une jeune anglaise issue d'une famille riche , Florence Nightingale  (voir photo article 1) . Sous une inspiration mystique <<Dieu m'a appelée à son service >> , la jeune femme suit en 1855-1856 , à 35 ans , les armées anglaises engagées avec les Français dans la guerre de Crimée contre les Russes . A son retour , elle fonde en 1857 , à Londres , une école de <<Trained Nurses >> (littéralement des <<gardes malades professionnelles>> ) où des élèves soumises à l'internat apprennent leur métier , selon des règles fixées par Florence .<< La fonction soignante féminine , a-t-elle décidé , doit être déchargée de toute tâche subalterne dans un hôpital . Elle doit être à même de dispenser ce qui peut être qualifié de "soins éclairés " grâce à une instruction préalable et doit être subordonnée à l'autorité médicale .>>  

            Les nurses mènent une existence très austère : deux heures de liberté par jour , un jour de congé par mois , une semaine par semestre ! Leurs études terminées , elles exercent leur métier dans des hôpitaux Londoniens d'abord , dans toute l'Angleterre ensuite .  

            L'innovation lancée par Florence va faire tache d'huile . En 1902, est ouverte en France une <<école d'infirmières >> : la durée des études est d'un an , le stage est rémunéré. Que faire des religieuses hospitalières (elles étaient encore 12 000 en 1898) ? Il est décidé que , si elles peuvent diriger les services auxiliaires de l'hôpital, (cuisine , lingerie , vestiaire, buanderie ), leur sont retirés la plupart des soins y compris l'assistance des femmes en couches , la pratique des examens gynécologiques , les soins aux hommes ,la toilette des enfants , la thérapeutique antivénérienne , etc.. Mais l'administration maintient en 1900 leur rémunération et leur entretien (logement , nourriture)   

            En 1907, s'ouvre à l'hôpital de la Salpêtrière la célèbre école d'infirmières qu'on appellera l'<<école des bleus >> , en raison de la couleur de la capote revêtue pour circuler dans l'hôpital quand il fait froid .C'est un école démocratique où <<les éléves se tutoient , ne se donnant même plus la peine de s'appeler mademoiselle >> ... Peu importe , au demeurant , car le but est clair : dans les hôpitaux , il faut substituer la science à la prière .

    école d'infirmières 1958

    Enfin , en 1922 , est créé le diplôme d'état d'infirmière , indispensable aux soignantes des hôpitaux pour délivrer des soins (le diplôme d'état deviendra obligatoire dans les hôpitaux en 1946) . Elles ne sont plus , depuis quelques années , obligatoirement logées à l'hôpital et , progrès obtenu en 1905 , 50% d'entre elles sont mariées à cette époque . En 1923-1924 , les salaires des infirmières (nourries et parfois logées à l'hôpital) Sont mensuels . Elles ont obtenue un jour de repos hebdomadaire . En 1934 , il reste encore 4 000 religieuses qui font fonction d'infirmière dans les hôpitaux publics , car elles ont pu passer un examen dit de <<récupération >> qui les a autoriser à exercer . Ce vestige de l'organisation religieuse a disparu de nos jours dans les hôpitaux publics .

    Ainsi , après de longs siècles , s'est élaboré peu à peu le métier d'infirmière , qui a remplacé la charité par la technique . Mais cela n'exclut pas (moins encore que jadis ) l'observation de ce sage précepte moral d'un traité indien sur les devoirs de l'infirmier : <<seul est propre à soigner ou à assister le malade un homme de sang-froid , vigoureux , aimable dans son maintient ,,ne médisant de personne , attentif aux besoins du malade , suivant strictement et infatiguablement les instructions du médecin ...>>

            Ce qui est vrai en Inde vers 800 av .JC , l'est toujours pour les infirmiers et infirmières de l'époque moderne .  (source : Top Santé de juin 1996) 

     

     

     

     

     

       

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • La preuve

    Ce n'était alors qu'une hypothèse fort controversée , car de nombreux médecins croyaient encore , comme les Grecs et les Romains , que les maladies étaient causées par des miasmes ou des émanations toxiques . Avec son microscope , Koch s'empressa d'explorer cette voie . Il observa le sang d'animaux morts du charbon (maladie mystérieuse qui faisait des ravages parmi les moutons, les chevaux , les bovins et à l'occasion chez l'homme ), et il découvrit ces bâtonnets épais , les bacilles , que l'on considérait souvent alors comme des <<cristaux >> anormaux dus à la maladie . Il se demanda , lui , s'ils n'en étaient pas plutôt la cause .

            Il inocula donc à une souris blanche du sang contaminé et constata le lendemain qu'elle était morte et que son sang comme sa rate fourmillaient de bacilles . Il en plaça quelques-uns dans un milieu de culture et , fasciné , les vit se multiplier à une vitesse étonnante . Il avait ainsi la preuve qu'il s'agissait bel et bien d'organismes vivants . Des expériences ultérieures lui permirent d'établir les faits suivants : à basse température ces organismes se transformaient en longs filaments contenant des spores : ces spores étaient capables de rester inactives pendant plusieurs années , dans des pâturages inutilisés par exemple , mais replacées dans le sang chaud d'un animal , elles redevenaient des bactéries vivantes .  

            Pour pouvoir consacrer plus de temps à ses recherches , Koch céda la majeure partie de sa clientèle à l'un de ses collègues , expliquant à sa femme qu'il s'était mis à << explorer une région encore tout enveloppée de mystère >>.  

            Au bout de trois ans d'expérimentation sur le charbon , il en vint à cette conclusion qu'à un microbe donné correspond une maladie donnée . Avec sa modestie habituelle, il alla présenter ses travaux à Ferdinand Cohn, l'éminent botaniste de Breslau . Ce savant , qui ne croyait guère à priori qu'un médecin de campagne pût faire des découvertes importantes , fut stupéfait et proclama aussitôt qu'un << grand maître de la science est né >>.

    Le bacille de la tuberculose

    Tout de suite , il porta son attention sur la tuberculose , alors l'un des pires fléaux de l'humanité , responsable de 1 mort sur 7 dans le monde occidental . Beaucoup d'éminents médecins de l'époque pensaient qu'elle résultait d'une malnutrition chronique . Koch , lui , était convaincu qu'elle était provoquée et transmise par des bactéries .

            Durant des semaines et parfois à raison de dix-huit heures par jour , il travailla dans son laboratoire , seul, n'autorisant personne à s'exposer aux risques d'infection . Au bout de six mois , en examinant sa 271e préparation microscopique , il identifia le bacille de la tuberculose . Afin de prouver que même l'air pouvait le transmettre , il plongea une boîte pleine de souris , de lapins et de cochons d'inde dans un brouillard contenant des germes . Tous les animaux succombèrent .  

            Le 24 mars 1882, à trente-huit ans , il présenta sa découverte aux éminents spécialistes de la société de physiologie de Berlin . Pour la première fois dans l'histoire de cette institution , aucune discutions ne suivit l'exposé .Un des assistants se contenta de déclarer qu'il n'y avait rien à objecter .  

            Toutefois Koch n'était pas satisfait . Il voulait encore que l'humanité tirât un bénéfice immédiat de son travail . Il exigea que le gouvernement prit des mesures d'hygiène rigoureuses , qu'il informât le public sur les maladies infectieuses , et que tout tuberculeux fût déclaré , afin d'être placé sous surveillance médicale . Le résultat fut qu'en Allemagne le nombre de décès par tuberculose diminua de 50% en vingt-cinq ans .      

    La bacille-virgule

    Entre temps , une autre maladie faisait parler d'elle : le choléra . En 1883, une épidémie avait éclaté en Egypte . A intervalles plus ou moins rapprochés , ce terrible fléau , venu des Indes , frappait l'Occident . En 1886 , il avait fait près de 115 000 victimes rien qu'en Prusse . A Niemegk , près de Berlin , 1 habitant sur 10 en était mort . Résolu à en trouver les causes , le gouvernement allemand envoya une mission médicale , dirigée par Robert Koch , à Alexandrie . Là , des singes, des chiens, des chats et des souris reçurent une injection d'échantillons prélevés sur des malades . Les tissus pris sur eux et colorés d'après les méthodes de Koch furent examinés au microscope .  C'est après avoir étudié des centaines de ces coupes que l'équipe identifia le bacille-virgule , agent microbien du choléra .

            Koch avec ses collaborateurs (et 50 souris blanches ) , se transporta aux Indes . Il remarqua que le choléra se déclarait souvent dans des localités implantées près de petits étangs faisant tout à la fois office de baignoire , de lavoir , d'égout et de citerne . Quelques expériences permirent de démontrer que la contamination s'opérait par l'eau , les aliments , les vêtements : Koch  recommanda que les réserves d'eau soient filtrées et soumises à des contrôles .  

            En 1891, le Dr Koch devint directeur du nouvel institut des maladies infectieuses , celui-là même qui porte aujourd'hui son nom . Il put alors se consacrer à l'éradication de diverses maladies dans des régions reculées de l'Afrique , des Indes et du Pacifique . en 4896, quand une terrible épidémie de peste bovine se déclara en Afrique du Sud , il mit au point une vaccination qui sauva 2 millions de têtes .  

            En 1906, il se rendit dans un groupe d'îles du lac Victoria , dont 20 000 habitants sur 35 000 avaient succombé à la maladie du sommeil . Il conseilla d'incendier les régions infectées par les mouches tsé-tsé , agents de transmission de la maladie ,et prépara un puissant médicament qui , en peu de temps, réduisit le taux de mortalité de 90%.  

            En 1905, au faîte de sa carrière , il avait reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine pour ses recherches sur la tuberculose . On érigea des monuments en son honneur , on donna son nom à des rues . On vendit toutes sortes d'objets ( mouchoirs, chopes à bière , pipes) à son effigie , celle du parfait professeur allemand du début du siècle tel que l'on se l'imagine , avec barbe fleurie et lunettes cerclées d'or . Lors d'un voyage triomphal au Japon , on tira un feu d'artifice qui dessina son portrait dans le ciel .  

            Epuisé par une vie de travail acharné , Robert Koch mourut à Baden-Baden , le 27 mai 1910, d'une défaillance cardiaque . Il laissait en héritage , outre ses découvertes ,une très féconde influence . Ce sont ses continuateurs qui , au cours des années ont identifié les germes  de quantités de maladies (typhus, lèpre, paludisme, diphtérie, tétanos, pneumonie, dysenterie et peste bubonique ) qu'il a été ainsi possible de combattre efficacement . Comme l'a démontré l'enraiement de l'épidémie de choléra en 1974.  Robert Koch continue à bien servir les hommes .  (source : reader's digest de 1977. Article : Clauss  Gaedemann)


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  •                        

     ....Ou l'étonnante carrière d'un des fondateurs de la microbiologie moderne .

            En 1974 , le choléra fit rage au Portugal et, du fait des touristes , menaça l'Allemagne , la Grande-Bretagne et d'autres pays européens .  

    Très vite les chercheurs , notamment ceux de l'institut Robert Koch , de Berlin , identifièrent la souche des bactéries en cause et informèrent l'organisation mondiale de la santé , à Genève , qui établit qu'elles avaient leur origine en Angola . L'épidémie fut promptement enrayée .

      Dr Koch

    Quoi de plus normal que l'institut Robert Koch ait joué un rôle éminent dans cette affaire , puisque le nom qu'il porte est précisément celui du médecin et bactériologiste allemand qui découvrit en 1883 l'agent microbien du choléra .C'est grâce aux travaux de ce savant que l'on a pu également maîtriser la tuberculose , lutter efficacement contre l'infection des plaies et commencer à élucider toutes sortes de maladies graves chez l'homme et chez l'animal ; aujourd'hui encore ils demeurent fondamentaux pour la bactériologie moderne .

            Né le 11 décembre 1843 dans une modeste maison  de Clausthal, près de Hanovre , Robert Koch était le troisième des treize enfants d'un ingénieur des mines . D'un naturel calme , il aimait collectionner les insectes , les plantes et les minéraux , et à disséquer des cadavres d'animaux .  

            Pauvre , il dut à une petite bourse , et à un sens rigoureux de l'économie , de pouvoir faire des études . En 1862, il s'inscrivit à un cours de sciences naturelles de l'université de Gôttinggen , mais il renonça bientôt pour faire sa médecine . A vingt trois-ans  , fraîchement diplômé , il épousa la fille d'un pasteur de Clausthal , la ravissante Emmy , qui lui donna un unique enfant , Gertrud , et fut pour lui une admirable compagne .  

            Après la guerre de 1870, au cours de laquelle il servit comme major , il passa un examen pour entrer dans l'administration de la santé publique et c'est ainsi qu'à vingt-huit ans il fut nommé médecin de canton à Wollstein , une ville de 3 000 habitants  en Posnanie , aux appointements de 900 marks par an (l'équivalent de 5400 deutsche marks de nos jours ) . Entre autres attributions , il avait la charge de 2 hôpitaux , était expert devant les tribunaux et devait même , dans certains cas , inspecter le bétail malade .   

            Peut-être aura-t-il fini ses jours dans cette carrière si sa femme ne lui avait offert un magnifique microscope pour ses vingt-neuf ans .  

            Ce choix fut des plus heureux . En effet , à l'école de médecine , Koch avait suivi avec un très vif intérêt le cours de Jacob Henle , un anatomopathologiste qui , dès 4840 , avait avancé l'idée selon laquelle les maladies infectieuses pouvaient être transmises par des organismes microscopiques .

    Microscope, colorants et photographies .

    Dans son modeste laboratoire de Wollstein , Koch poursuivit son œuvre . Il y élabora des méthodes tout à fait originales de recherche bactériologique . Par exemple , il eut l'idée d'utiliser les teintures à l'aniline (découvertes récemment et avec lesquelles on coloraient les spécimens mis entre lame et lamelle ) pour rendre les bactéries mieux visibles au microscope .Il constata que les microbes absorbaient avidement les couleurs et prenaient des teintes vives : bleue , rouge, brune ou encore violette .

            Retrouvant une passion de jeunesse pour la photographie , il acheta un appareil qu'il monta sur son microscope . Emmy se chargeait de surveiller le ciel et , dès qu'il était assez couvert pour permettre de prendre des clichés , elle prévenait son mari qui, toute affaire cessante s'empressait d'opérer . Koch avait fini par donner à sa femme le gentil surnom de Wolkenschieber (chasse nuage ). Les résultats qu'il obtint furent satisfaisants , et notre chercheur , enthousiaste , put aussitôt écrire au Pr Cohn que les bactéries apparaissaient beaucoup plus nettes en photos qu' à l'œil nu .  

            L'esprit toujours en éveil , il s'intéressa ensuite à l'infection  des plaies . Médecin militaire , il avait vu beaucoup de soldats en mourir (pendant la guerre , plus de 75 % des amputés n'ont pu survivre ), et dans les hôpitaux les opérés y succombaient dans la proportion de 40 à 80%. Le chirurgien anglais Joseph Lister avait déjà sauvé beaucoup de malades grâce à des compresses phéniquées dont il n'expliquait du reste pas les modalités d'actions . Grâce à de patientes recherches , utilisant  microscope , colorants, et photographie , Koch en 1878 isola 6 différents types de bactéries qui étaient à l'origine de l'infection des plaies .  

            A cette époque , le surnom du médecin de Wollstein commençait à s'étendre . En 1880 , il fut nommé membre de l'office impérial de santé à Berlin . Du même coup , il eut à sa disposition des équipements techniques modernes et 2 assistants . Il perçut un traitement annuel de 6 000 marks et emménagea dans un confortable appartement de 5 pièces . Sans tarder , il se mit à chercher un moyen de combattre les bactéries qu'il avait isolées . Il en essaya plusieurs , mais considéra que la vapeur était l'agent idéal ; de fait , on l'utilise encore aujourd'hui pour la stérilisation .


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