• Mon témoignage de donneuse (2/2)

     

    L'opération .... Le face à soi .....

     

    L'opération a été deux fois repoussée. Nous aurions du être opérés le 29 Juillet. Deux frères sont passés avant nous, car il y avait urgence pour eux... Nous avons mon frère et moi concilié sur une nouvelle date, qui a été repoussée à la fin du mois de Septembre... Date ou nous avons vécu vraiment beaucoup d'émotions. Aujourd'hui je n'y pense plus, mais nous avons eu quelques émotion... je repense au témoignage d'une de ces dames greffée du coeur qui a vu son opération partir en fumée car l'avion qui transportait son greffon n'avait pas pu décoller à cause du brouillard. Le coup de Massu.

    Nous avons vécu a quelque chose près je pense des émotions similaires. Nous sommes avertis très tard dasn la soirée (23h) que l'opération prévue le lendemain matin est annulée. La néphrologue de nuit m'annonce que les prises de sang (pré-opératoire) ne sont pas bonnes. Nous sommes sans voix.

    Pour la première fois depuis le début, je suis tenaillée par les doutes... tout vacillait, la vie nous jouait un mauvais tour, et j'acceptais difficilement qu'a la dernière minute nous ayons un tel retour de manivelle.. Que se passait il avec la compatibilité?? n'étais je plus compatible alors que 8 mois auparavant nous l'étions?..

    Le chirurgien ne veut prendre aucun risque et avec tout le tact et la diplomatie il nous explique qu'une greffe familiale est trop précieuse pour prendre un risque. ''Le test crossmatch accroche en un point... ce point est positif, il faut que nous sachions pourquoi... et si le greffon ne tient qu'un an, nous aurions l'air de quoi...??"... je vois la tête dépitée de mon frère... la terre s'ouvre sous nos pieds. Nous sommes assommés. Nous rentrons le lendemain matin avec nos valises.tristes.

     

    J'essaie cependant de trouver en moi une raison logique... J'ai été malade une semaine avant .. une angine... j'ai eu des antibiotiques.. peut etre son sang a trouve quelque chose d'anormal dans le mien et me rejette. Je repasse une nouvelle prise de sang.. nous attendons... frileux... les résultats.

     

    Ils sont bons cette fois!! ouf!!! une maladie virale a fait explosé les anti-corps de mon frère... Nous sommes en septembre, et les rhumes sont nos pires ennemis! Nous repartons confiants.. mais nous avons ce petit noeud qui reste au fond du ventre... et s'il se passait à nouveau un pb dans les prises de sang pré-opératoire... ou si j'avais une infection urinaire 24h avant le bloc... Toutes les précautions de mon coté sont prises : plus de piscine, plus de douche à la salle de sport, je bois beaucoup, évite les gens malades...

     

    L'opération est reportée au 8 novembre. 1 mois après. Mon employeur accepte de me reprendre 15 jours. Le temps me semble moins long. Je sais que fifi lui n'en peut plus d'attendre. L'angoisse du bloc et toute la multitude de question qu'il se pose (peur que l'opération ne marche, rejet du rein... et si ca ne fonctionnait pas?? et ma soeur)

     

    Mes relations avec mon frère

     

    C'est en réalité une période bizarre entre mon frère et moi.Nous nous appelons très souvent. Je me sens gonflée par l'adrénaline. J'y crois dur comme fer. Je suis on peut le dire "euphorique". Mon frère est dans une position bcq moins évidente. En faite je ne le comprends que tardivement. La psychologue du chu m'explique la position de Philippe. Ses doutes légitimes par rapport à l'opération. Il est conscient du risque qu'il me fait prendre... Je trouve en vrai le moral de mon frère dans les chaussettes, alors que moi je suis gaie comme un pinson. Mon frère a peur. Mais je ne le sents pas (ou mon optimisme boosté ne m'en fait pas prendre conscince). Il se plaint rarement. Il n'aime pas démontré sa douleur . Alors quand il me dit qu'ill en a marre des dialyses.. je le prends au sérieux. Parfois je lui en veux de son ''pessemisme''... quel égoisme aujourd'hui avec recul je me dis!!!... La différence entre receveur et donneur est patente. Nous sommes différentes. La psychologue m'explique qu'a l'approche de l'opération, nos relations vont se compliquer et que c'est normal. Elle m'explique le sentiment de dette que peut générer le don. La difficulté aussi pour certaine personne malade de faire le deuil d'un état.. Parfois certaine personne dialysée refuse la greffe, car ca génère un bouleversement dans leur quotidien.. la peur du bloc... Je comprends que je dois ''lacher'' un peu mon frère. Je l'appelle moins les derniers jours avant le bloc. Je sais que dans quelques jours, nous nous verrons...

    Dimanche 7 Novembre : Hospitalisation à 17 h du soir au service Néphrologie pour mon frère, Urologie pour moi. Nous rejoignons chacun respectivement nos chambres. avant de nous retrouver un peu plus tard dans la soirée pour diner et discuter.

    J'ai une pensée toute particulière à une personne que je revois assise sur le bord de son lit à tapoter un texto... Mon histoire de greffe engendre de belles histoires et de belles rencontres. J'ai rencontré une belle personne pendant mes quelques jours d'hospitalisation qui m'a influé beaucoup d'énergie et de gentillesse. j'espère qu'elle se reconnaitra en se rendant sur mon article.

     

    Lundi 8 Novembre : 7h du matin. 2ème douche bétadinée. J'attends que l'on vienne me chercher. Le brancardier vient me chercher dans ma chambre. J'ai très peur dans mon lit. J'observe le brancardier le long des couloirs du chu. L'ascenseur. Les portes qui s'ouvrent. une infirmière en vert avec son masque sur le visage. je suis arrivée au bloc. J'ai un bonjour... et je m'endors.

     

    15h30 : Salle de réveil. Tout est fini. Je demande l'heure. Ou est mon frère? A coté de vous. Pourquoi ai je mal aux ovaires? ce ne sont pas vos ovaires, c'est la cicatrice. :)))

    Mon frère est sur ma gauche, je le vois endormi.. je l'appelle, il me répond. On nous rapproche, et nous pouvons nous parler. Je lui tend la main, il me la prend et nous restons ainsi accoudés a prendre conscience qu'enfin tout était fini .

     

     

    • L 'APRES OPERATION

     

    Période de Convalescence

    Reprise de la vie ''normale''

     

     

    Le sens du don après l'acte chirurgicale

     

    Aujourd'hui, presque 3 mois s'est écoulé. Beaucoup d'émotions sont présentes en moi. Nous avons témoigné deux fois. Mon frère et moi n'étions que demi-frère... aujourd'hui en lui donnant mon rein, des passerelles se sont tissées entre nous. Il n'a pas toujours été facile de faire ''accepter'' mon geste à mon entourage. J'ai même eu l'impression que j'allais à contre courant pour défendre mon idée mon point de vue. Non, ce n'est pas un acte banal, anodin. Après l'opération, quelque chose s'est construit. Mon frère et moi nous sommes rapprochés.... Nous sommes très différents l'un de l'autre, mais quelque chose s'est batit. Il vit avec une partie de moi. Ce don continue aujourd'hui à garder sa place dans nos vie... Il est une nouvelle vie pour mon frère, un nouveau départ, et moi ma vie prend il est vrai un nouveau sens.

    Je ne sais pas encore comment je parlerai de cet acte dans un an. beaucoup de chose auront évolué depuis. Voilà donc mon témoignage. Je regarderai ces lignes dans quelques temps. aujourd'hui, je vais laisser un peu de temps s'écouler. Mon frère et moi avons envie de reprendre nos vies ''normales''... Oui, car la vie normale nous rappelle!


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