• Le transport d’organes: la face cachée de l’aéroport de Marck

     

    L’aéroport de Marck, plutôt discret pour faire parler de lui, est pourtant la pièce maîtresse du transport de dons d’organes sur le littoral. Il dessert les hôpitaux de Calais, Boulogne et Dunkerque.

    Le transport d’organes: la face cachée de l’aéroport de Marck

     

    Ring. Ça commence toujours par une sonnerie du téléphone d’astreinte, la nuit. De permanence, le pompier du service sauvetage, lutte et incendie de l’aéroport est contacté par un des hôpitaux de la Côte d’Opale pour rouvrir le site.

     

    Un prélèvement d’organes va être effectué. « On se charge de trouver un contrôleur. Sa présence est obligatoire, rappelle le responsable du service sécurité, Xavier Delattre.

     

    On rallume les ordinateurs, l’aérogare, on regarde la météo et on transmet les informations aux compagnies.» Ils inspectent la piste et préparent le taxi qu’ils amènent sur le tarmac. « On sait de quels aéroports les avions décollent mais on ne connaît pas la destination des dons d’organes. Les avions sont spécialisés dans le transport sanitaire.

     

    Une plateforme a été créée avec les hôpitaux pour optimiser le temps.» Huit à quinze dons d’organes dans l’année transitent par l’aéroport de Marck. Ce sont toujours les chirurgiens greffeurs qui se déplacent pour prélever. Ils viennent de Marseille, Paris, Montpellier, etc. de loin surtout quand il s’agit d’un poumon ou d’un foie.

     

    Dans la région, seul le CHR de Lille est habilité à greffer. « J’en ai vu dont le taxi se faisait escorter vers l’hôpital par la police», témoigne le responsable sécurité de l’aéroport. Il faut aller vite. Un cœur par exemple a une duré de vie de quatre heures.

     

    À l’hôpital de Calais, ils sont cinq infirmiers spécialisés en réanimation à consacrer à tour de rôle une journée de leur semaine à la coordination hospitalière du don d’organes et à se partager l’astreinte.

     

    En amont, les professionnels s’activent. « Dès lors qu’on sait qu’il y a un prélèvement d’organes possible, on appelle l’aéroport pour le mettre en vigilance, décrivent Fabrice Roussel, infirmier, et Sandrine Decerf, médecin référent du service. Le donneur potentiel est celui qui est à l’état de mort cérébrale.

     

    Le cœur bat mais le cerveau ne fonctionne plus. Ce qui est difficile à expliquer aux familles.» Pour s’assurer de l’arrêt de l’activité du cerveau, les médecins procèdent à un examen neurologique. « La mort encéphalique est très rare, et représente moins d’1 % des décès. » Le corps médical consulte le registre national du refus du don d’organes pour voir si le défunt y est inscrit. Si non, pressés par le temps, le personnel discute avec la famille du don d’organe. « À travers elle, on cherche le témoignage du vivant de la personne.» Si la famille est d’accord et que le corps ne présente pas de contre-indication, il reste intubé, ventilé et c’est artificiellement que la respiration est maintenue.

     

    Les fonctions organiques peuvent être conservées pendant une dizaine d’heures. Les informations sur la morphologie et la qualité des greffons sont communiquées à l’agence de biomédecine qui cherche une compatibilité avec un receveur.

     

    Lorsqu’il est trouvé, le corps médical est mis en alerte. « C’est une véritable intervention chirurgicale, l’anesthésiste est mobilisé, le chirurgien, les infirmiers… », rappelle le médecin référent. Sur le littoral, pour un don de rein, automatiquement, un chirurgien de Lille vient en prélever un.

     

    Ainsi, il prépare le terrain au greffeur qui procédera à l’extraction d’autres organes qui sont conservés dans de la glace pilée. Ils repartent avec le chirurgien greffeur vers l’aéroport de Marck pour être, dans un autre corps, transplanté.

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    Cinq donneurs recensés en 2012 à Calais

     

    La moyenne d’âge du donneur a évolué. Avant, en raison d’une insécurité plus importante sur les routes, les donneurs potentiels étaient en majorité des victimes de la route et d’une moyenne d’âge entre 40 et 50 ans. Le nombre de collisions ayant diminué, les potentiels donneurs sont aujourd’hui des victimes d’accident vasculaire cérébral (AVC).

     

    En chiffres.

     

    - À Calais, en 2012, le nombre de donneurs s’élève à 5 contre quatre-vingt-huit dans la région. Sur les cinq donneurs de Calais, trois ont été prélevés, un a fait l’objet d’un refus par la famille, un autre d’une contre-indication. La région compte onze établissements préleveurs dont trois sur le littoral (Calais, Dunkerque, Boulogne) et 785 personnes sont en attente d’un don d’organe.

     

    Un nouveau plan.

     

    - Un deuxième plan greffe est prévu de 2012 à 2016, il prévoit de ne pas exclure les greffons limites (âgés) mais aussi d’insister sur le don du vivant et des dons croisés (un donneur non compatible avec un membre de sa famille receveur échange avec celui qui est dans le même cas).

     

    Une association dans le département.

     

    - France Adot 62 est une association basée dans le département du Pas-de-Calais et qui sensibilise au don d’organes.

    Elle compte une vingtaine d’adhérents qui, au sein des établissements scolaires, poussent leurs interlocuteurs à parler du don d’organes avec leur famille.

    « Combien de fois j’ai eu des enfants qui ne l’ont pas fait et ne savent pas si leurs parents sont pour ou contre le don d’organes ?», s’interroge Éliane Ringot, la présidente.

    Certains défunts ont sur eux la carte de donneurs d’organes, « alors bien sûr c’est une preuve qu’ils voulaient le faire sinon ils ne l’auraient pas mais elle n’est pas légale », rappelle la présidente.

    Elle conclut : « La seule chose qui le soit, c’est de s’inscrire sur le registre des refus du don d’organes si vous ne voulez pas.»

    Source : La voix du Nord <<région de Calais et ses environs>> du mercredi 07 08 2013 texte de CHLOÉ TISSERAND

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