• Tous reconnaissants envers les donneurs d'organes !

    En France la gratuité du don d'organes est un principe fondamental qui fait de l'acte de donner de son vivant ou après sa mort , un geste altruiste . Ce geste de solidarité sauve des milliers de vie chaque année en permettant à des patients d'être greffés .la reconnaissance envers les donneurs par la société est donc nécessaire . Il est important de ne jamais banaliser cet acte . C'est dans la mesure où cet acte est rendu possible par la société que les patients receveurs peuvent vivre avec un tel << cadeau >> . C'est aussi dans ce sens que la loi de bioethique de 2004 a prévu la création d'un lieu de mémoire exprimant cette rconnaissance dans les hopitaux autorisés à prélever . Désormais , la révision de la loi de bioéthique en juillet 2011 fait évoluer le nom de la journée nationale du 22 juin , pour exprimer une reconnaissance nationale aux donneurs .Sylvie Pucheu (phychologue clinicienne et psychothérapeute de formation analytique , elle exerce dans le service de psycologie clinique et de psychiatrie et d'oncologie à l'hôpital Georges Pompidou à Paris ) et Alice casagrande (philosophe , déléguée nationale qualité , gestion des risques , bientraitance à la direction de la santé et de l'aide à l'autonomie de la Croix Rouge française ) nous éclairent sur l'expression et la nécessité de la reconnaissance aux donneurs .

    Comment s'exprime la reconnassance  des personnes greffées aux receveurs ?

    Selon Sylvie Pucheu : << La reconnaissance aux donneurs est le plus souvent implicite chez les personnes greffées . Lors de l'attente qui signifie en quelque sorte  ""attendre la mort de quelqu'un d'autre " pour vivre ou que "quelqu'un de proche se sacrifie pour moi " , elle est difficile à exprimer .

    La reconnaissance plus explicite vient le plus souvent une fois la greffe réalisée >>.

    Pour les patients , c'est d'abord en prenant soin de cet objet précieux qu'ils manifestent leur reconnaissance . Les contraintes médicales sont là pour leur rappeler qu'il ne s'agit pas d'une guérison mais d'un surplus de vie (organe vital) ou d(une qualité de vie perdue et retrouvée << grâce à quelqu'un d'autre >> , et ils ont une conscience claire de cela . Cependant , il s'agit de retrouver une vie << normale >> qui ne soit pas paralisée constamment par le donneur . Certains patents ont besoin de marquer cette reconnaissance en s'investiqqant notamment dans la vie associative ou militante pour le don d'organes en participant à des journées d'action où ils montrent au public la vie qu'ils ont pu retrouver grâce à leur greffe .

    Pour Alice Casagrande , l'encouragement dans le militantisme des personnes greffées , que celui-ci soit lié ou non au domaine de la greffe , permet au patient de démontrer son utilité à la société : << les personnes greffées ont fait l'expérience de leur fragilité . Pour accepter ce nouvel organe , ils doivent démontrer qu'ils ne sont pas seulement débiteurs vis-à-vis de la société mais qu'ils ont une valeur sociale . Cela les aide à restaurer un sentiment de plénitude qui ne soit pas uniquement centré sur l'observance  >>.

    Sylvie Pucheu souligne encore que la reconnaissance de la dette se déplace bien souvent en direction de l'équipe de greffe . Celle-ci est souvent idéalisée pour avoir réalisé une telle intervention << extraordinaire >> et les greffés se sentent dépendants << à vie >> de leur équipe médicale . Pour certains receveurs , il est très difficile d'exprimer clairement leur gratitude à l'égard du donneur mais le sentiment de dette , même impossible à dire , reste secret et toujours présent .

    Le greffé finalement , comme toute personne le fait à un moment de sa vie doit pouvoir reconnaître cette dette à l'égard de la personne donneuse , décédée ou vivante . Nous avons tous à reconnaître à un moment ou à un autre de notre existence , notre dépendance à l'égard des autres . C'est cela qui permet l'autonomie et qui fonde les liens sociaux . Sylvie Pucheu précise que << pour les greffés , il s'agit "d'adopter un greffon" un peu comme le font ceux qui adoptent des enfants et qui restent éternellement reconnaissants à l'égard des parents biologiques >> .

    enfin du côté de la société , celle-ci doit porter une extrême attention au fait qu'il doit signifier aux donneurs , décédés ou vivants, toute la reconnaissance de celle-ci envers eux par des symboles sociétaux pour que le don d'organes cnserve toute sa dimension altruiste et qui ne va jamais de soi .

    Cette attention de la part de la société donne un sens aux donneurs et allège le poids de la dette individuelle des receveurs vis-à-vis d'un cadeau qui est impossible à rendre .

    L'évolution de la journée du 22 juin est donc un symbole important qui traduit la reconnaissance de la nation . 

    Et du côté du donneur , est-ce que le besoin de reconnaissance est nécessaire ?

    Selon Sylvie Pucheu : << se positionner comme donneur d'organes de son vivant ,,c'est être prêt à envisager sa mort possible , ce qui ne va pas de soi pour tous . Les motivations des donneurs sont diverses, altruiste bien sûr , mais aussi du type "au moins que ma mort serve à quelque chose ", ou encore "j'aimerais qu'on fasse la même chose pour moi " . Les donneurs vivants eux , donnent à quelqu'un qu'ils connaissent et avec qui il existe un lien affectif . Ce geste est une façon d'agir contre l'impuissance habituelle de l'entourage face à la maldie grave et à la souffrance du proche malade >>.

    C'est cela qui porte leur désir de donner et qui leur fait vivre une expérience humaine exceptionnelle .

    Pour le spychologue qui évalue la motivation d'un donneur vivant , celui-ci doit être convaincu de son geste et sa démarche est pour lui << naturelle >> . Pour autant , tout le monde n'est pas donneur et il existe une dimension altruiste certaine de leur personnalité , chez beaucoup d'entre eux . Les donneurs vivants disent qu'ils n'attendent rien en retour sinon la santé retrouvée du receveur . Après la greffe , ils ont le sentiment d"avoir été utiles , jouissent d'une certaine reconnaissance de la part de leur entourage mais sont plutôt enclins à d'étonner de l'admiration qu'ils succitent , leur geste leur paraissant toujours après la greffe , comme allant de soi .

    Pour Alice Casagrande , même constat  << Les donneurs n'agissent pas pour recevoir une gratitude mais plutôt pour marquer leur apprtenance à la communauté des hommes . Le don devient un trait d'union .

    Pour  Alice Casagrande et Sylvie Pucheu, la reconnaissance aux donneurs vivants doit passerpar un suivi médical post-greffe régulier de bonne qualité et si possible étendu dans le temps . Sylvie Pucheu ajoute : << Cependant , ces derniers veulent souvent "tourner la page" car ils se sentent des personnes en "bonne santé" et c'est bien pour cela qu'ils ont été sélectionnés >>.

    Les familles de donneurs ont-elles besoin de reconnaissance ?

    Pour Sylvie Pucheu : << Oui , les familles de donneurs ont besoin d'une reconnaissance symbolique car elles prennent bien souvent leur décision sans avoir eu une  connaissance explicite de ce que souhaitais le défunt ; d'où l"importance de s'exprimer dans les familles à ce sujet . Face à la mort brutale du proche , elles se sentent prises au dépourvu dans un contexte particulièrement difficile .

    Alléger le poids de leur décision en marquant la haute portée symbolique altruiste , ne peut être qu'utile en faveur du don dans la société .

    Leur décision n'a pas seulement permis de << préléver des organes >>  mais de sauver << des vies >> ou de changer radicalement la vie de personnes en souffrance . Exprimer publiquement cette reconnaissance aux donneurs d'organes mais aussi à leurs familles est donc bénéfique . Elle donne un sens à leur décision >>

    Selon Alice Casagrande : << Les familles ont besoin d'une reconnaissance sociale . Cette reconnaissance peut être symbolique comme planter un arbre dans un hôpital ou plus concrète comme envoyer un document à toutes les familles de donneurs valorisant le nombre de vies sauvées grâce au don  d'organes >> .

    Ce texte est extrait d'un dossier piblié par l'Agence de la Biomédecine en date du 22 juin 2012 et intitulé << 12eme journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe et de reconnaissance aux donneurs >> .Retrouvez-le en intégralité à l'adresse suivante : http//www.agence-biomedecine.fr/mc/pdf/_dp_agence_de_la_biomedecine_-_22_juin_2012_vdef pdf


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