• Il donne un rein à son ami malade

     

      cyril armengaud 

    <<Le freffon a pris de suite >> dit , heureux et soulagé

    Cyril Armengaud . 'photo DDM, Marc Salvet

     

    Cyril Armengaud a donné un rein à un de ses amis. C'est le troisième cas de ce genre dans la région depuis la révision de la loi bioéthique. Une belle histoire d'amitié.

     

    «C'est impressionnant comme ça va vite», dit Cyril Armengaud. Assis hier après-midi à la terrasse du Chantilly, ce Cadurcien parle de sa convalescence. Voilà treize jours, il était opéré à Rangueil. Il a donné un rein à un de ses amis, Nicolas Marciac, 40 ans.

     

    Les deux hommes se connaissent depuis dix ans. Plus que des amis, presque des frères. «J'ai fait ce geste-là parce qu'il m'apporte beaucoup. Je ne l'aurais pas fait avec n'importe qui», dit le donneur. «On s'est rencontrés au Chantilly, j'étais apprenti, il était mon maître de stage», se souvient Cyril. Ils ont travaillé deux ans ensemble puis le jeune Cadurcien a poursuivi son métier dans d'autres établissements, d'autres villes, avant de revenir à Cahors. Puis voilà près de quatre ans, les reins de Nicolas Marciac l'ont lâché, l'obligeant à subir des dialyses, trois fois par semaine.

     

    L'histoire commence l'été dernier. «On était en terrasse à boire un café, on discutait de don d'organe, du fait que les temps d'attente étaient plus longs», se souvient Cyril Armengaud. Il a alors proposé à Nicolas Marciac de lui donner un de ses reins. «Au début, il l'a pris a la dérision, du style d'accord on fait ça… Puis un jour, je lui ai dit, bon on les fait ces tests », se souvient-il. Une amie était également candidate «mais elle n'a pas d'enfant alors que j'ai 26 ans et que je suis déjà papa». Les tests ont montré leur compatibilité. Le receveur a dû suivre un protocole car tous les deux ne sont pas du même groupe sanguin. Cyril Armengaud a été opéré le jeudi 7 février à 8 heures. Nicolas Marciac en fin de matinée.

     

    «Quand je me suis réveillé, ma première question était de savoir comment ça s'était passé», se souvient-il. Le lendemain, il est allé voir son ami. «Les médecins nous ont dit que la greffe avait fonctionné, dit-il, le greffon a pris de suite, il s'est mis en route de suite… C'est bien, de ne pas l'avoir fait pour rien, enfin de l'avoir fait et que ça fonctionne», poursuit-il.

     

    Cyril Armengaud n'a jamais douté de sa décision. «Je l'ai expliqué à mon entourage et il m'a soutenu. Ils savent pourquoi et pour qui je l'ai fait», dit-il. Avant cela, Cyril Armengaud ne s'était pas particulièrement intéressé au don d'organe. Une membre de sa famille avait été transplantée. Depuis, il s'est documenté, peut vous parler des taux de réussite, de créatinine…

     

    Si le jeune homme a bonne mine, il reste fatigué. «Je ne peux pas marcher longtemps et puis je ne reprendrai pas le travail avant le 1er mai parce que je travaille dans la restauration», dit-il. Quant à Nicolas Marciac, il a quitté l'hôpital de Rangueil hier soir. Les deux amis vont se reposer, récupérer, reprendre une vie normale et se remettre à courir. Ils rêvent déjà de participer aux jeux internationaux des transplantés au printemps 2014.


    Le troisième cas à l'hôpital toulousain

    «Le jour où j'ai vu arriver M. Marciac et deux donneurs potentiels, j'ai été surpris», se souvient le professeur Lionel Rostaing. Surpris ? «De les voir arriver tous les trois… C'est une belle histoire d'amitié», poursuit le médecin, responsable du service néphrologie, dialyse et du programme de transplantation au CHU de Toulouse. Il a aussi remis sur le pied le service d'hémodialyse à Cahors.

     

    L'hôpital toulousain est en pointe sur le don d'organe par des donneurs vivants : une trentaine ces deux dernières années et une cinquantaine de prévus en 2013. «A Toulouse, c'est le troisième cas de don hors milieu familial, poursuit le professeur Rostaing, en France, je ne suis pas sûr qu'on ait débuté». La loi de bioéthique révisée de juin 2011 a autorisé les dons du vivant hors milieu familial et entre donneurs de groupes sanguins différents, ce qui est le cas ici.

     

    Or le don du vivant a plusieurs avantages : «On a un taux de réussite à dix ans supérieur à 90 % parce qu'on choisit de façon élective les donneurs». En outre, il y a une pénurie de greffons et la moyenne d'âge des donneurs décédés augmente. La procédure est soigneusement encadrée : tests, passage devant un comité donneur vivant qui joue le rôle de garde-fou. Quelles conséquences pour le donneur ? «Le rein restant va augmenter en taille, une hypertrophie qui va compenser le rein restant».

     

    Les dons du vivant vont-ils augmenter ? Il faut pour cela des services organisés et que l'on informe les patients sur toutes les possibilités, liste le professeur Rostaing. Puis il fait une pause, évoque d'autres aspects plus émotionnels de cet acte : «enlever un organe qui fonctionne bien à quelqu'un qui en avait deux… ne pas nuire à quelqu'un en bonne santé… c'est émouvant». F. R (source : ladepeche.fr )


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