-
Sandrine va donner un rein à son amie Florence
Une greffe de rein, intervention chirurgicale quasi banale. Sauf que Florence va recevoir l'organe de Sandrine et que les deux femmes sont liées par une indéfectible amitié.
C'est une incroyable histoire d'amitié entre deux femmes résidant à Arthès : Florence Brunasse et Sandrine Maynadié.
Une amitié profonde, concrète qui va connaître un nouvel épisode en novembre au CHU Rangueil à Toulouse lorsque Sandrine donnera son rein gauche à Florence. Florence, 51 ans, secrétaire, souffre d'insuffisance rénale. Sandrine, 41 ans, est responsable administrative et en bonne santé. En 2002, la carence rénale de Florence est diagnostiquée par les médecins. «Depuis je suis souvent fatiguée, dit-elle, au régime sans sel et sans potassium, pas de légumes crus ni de fruits frais et une quinzaine de médicaments à ingurgiter chaque jour».
Quand on aime
Voici deux ans son médecin lui annonce que ses deux reins ne fonctionnent quasiment plus et qu'elle se dirige vers une dialyse à vie. Elle en parle à Sandrine. C'était en mars 2014. Sandrine m'a dit : «Je te donne un rein. — J'ai dit non. — Je te dis que je te donnais un rein, a insisté Sandrine, Arnaud (son mari, Ndlr) est d'accord». Sandrine poursuit : «Pour moi c'était inconcevable que Florence supporte toute sa vie des dialyses, je ne pouvais pas la laisser comme ça, quand on aime... (Sandrine pose sa tête sur l'épaule de Florence). Quand je décide quelque chose je m'y tiens, assure Sandrine». Et Florence a accepté.
Alors a commencé un long processus qui a conduit les deux amies de rendez-vous chez les médecins en consultation chez les psychologues jusqu'à une confrontation devant un juge du tribunal d'Albi pour inscrire dans le marbre le fait que Sandrine n'intentera rien contre son amie, plus tard. «On veut dédramatiser le don d'organe, expliquent de concert les deux femmes, dire bien fort que c'est possible entre amis, que ce n'est pas seulement entre les membres d'une même famille».
On aura au moins essayé
L'intervention chirurgicale est programmée le 12 novembre au CHU Rangueil. C'est le professeur Fédérico Sallusto qui opérera Florence, un autre chirurgien effectuera le prélèvement du rein gauche de Sandrine. «Pour moi, l'opération doit durer entre deux et trois heures et je dois rester quatre à cinq jours hospitalisée», précise la donneuse. L'intervention sera un peu plus longue pour Florence : trois à quatre heures et une dizaine de jours d'hospitalisation.
«Tout se joue dans les premières 48 heures, souligne cette dernière, c'est là que l'on saura si mon corps accepte le rein de Sandrine». En cas d'échec ? «On aura au moins essayé» évacue Sandrine qui n'envisage presque pas cette situation. Elle préfère se concentrer sur le choix du restaurant que lui offrira Florence après la greffe. «Et c'est moi qui vais le choisir», lâche dans un éclat de rire Sandrine. Florence approuve.
Le chiffre : 12
Novembre Rangueil.C'est la date prévue pour l'intervention chirurgicale au CHU Rangueil.
Florence sera la sixième greffée du rein, hors famille,
Depuis 2011 Depuis le mois de juin 2011, et l'application de la loi bioéthique, la greffe du rein est autorisée en dehors de la famille (entre amis) mais également entre personnes présentant un groupe sanguin différent.
«L'intervention qui concerne Florence Brunasse sera la sixième depuis l'application de cette loi, effectuée au CHU Rangueil», explique Fédérico Sallusto, chef du service de transplantation rénale. Le chirurgien urologue réalise toutes les transplantations de reins de donneurs vivants, du CHU. En 2014, 60 sont programmées. Ces interventions représentent près de 30 % des greffes de reins qui sont pratiquées à l'hôpital toulousain.
Deux autres chirurgiens urologues entrent en jeu lors des greffes de reins : Xavier Game et Nicolas Doumerc. Ce sont eux qui prélèvent l'organe à greffer, le rein gauche car il est plus accessible.
Concernant la greffe du rein donné par Sandrine à Florence, cette dernière vivra avec trois organes rénaux. «Ils vont laisser mes deux reins déficients et les clipper, ils ne me serviront plus, confirme-t-elle, le rein de Sandrine sera implanté sur mon côté gauche». Après l'opération, Florence devra prendre des médicaments antirejet toute sa vie, «mais c'est beaucoup plus confortable que deux ou trois dialyses classiques par semaine ou que les dialyses péritonéales que je devrais subir toutes les nuits».
Dans un peu plus d'un mois, les deux amies d'Arthès se retrouveront au CHU pour «passer à l'acte», Sandrine aura un rein en moins, Florence un de plus, de quoi renforcer une amitié qui dure depuis une dizaine d'années et qui visiblement n'aura pas de mal à survivre à la greffe. ( source:ladépéche.fr )
-
Commentaires