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la greffe des deux poumons de Geoffrey
Bruay-La Buissière : greffé des deux poumons, Geoffrey Verstavel, 25 ans, revit enfin .
Les Virades 2014, Geoffrey Verstavel ne savait pas s’il serait encore là pour y assister. Après avoir été greffé des deux poumons cet été, ce dévoreur de vie savourera cette journée si symbolique. Il en profitera aussi pour communiquer son énergie aux malades qu’il n’oublie pas.
Un large sourire, une énergie débordante. Quand on croise le chemin de Geoffrey Verstavel, difficile de s’imaginer quel chemin de croix il a parcouru pour être toujours là, tout simplement. Parce qu’il y a 25 ans, quand il est né, sans greffe, l’espérance de vie pour un enfant atteint de mucoviscidose était de 23ans. Geoffrey et sa famille ont découvert cette épée de Damoclès quand il avait quatre ans.
Il y a six ans, il a décidé d’écrire son histoire. « Je voulais témoigner de ce que c’est d’être malade. Parce que la muco est sournoise, elle ne se porte pas sur le visage. » Comme cette fois où en grande insuffisance respiratoire avec le macaron « handicapé » sur la voiture, une dame s’est insurgée qu’il se gare sur une place réservée. « Je n’avais pas l’air malade, s’excuse presque le jeune homme. Mais ça fait mal de voir de telles réactions. »
Ceux qui ne comprennent pas
Il y a eu la scolarité compliquée. Fatigante. Avec tous les escaliers à monter. Les copains solidaires. Des profs aussi. Et puis ceux qui ne comprenaient pas, qui ne voyaient pas. Pour tous ceux-là, Geoffrey détaille la piqûre d’insuline plusieurs fois par jour car le diabète s’est invité dans le tableau. La quinzaine de cachets à avaler chaque matin. L’aérosol à inhaler pour dégager les bronches. Les hospitalisations plus ou moins longues, plus ou moins pénibles. Il se souvient aussi de la peur du petit garçon qu’il était seul, sur une table d’examen.
Et parce que le jeune homme respire l’optimisme, il raconte aussi toutes ces belles personnes qui ont croisé sa route. Qui l’ont soutenu dans son combat. L’amour de ses parents, de sa sœur, de son beau-frère, de sa compagne... « Moi, je n’ai pas eu le choix. J’étais malade, je devais me battre. Eux, c’est merveilleux ce qu’ils ont fait. Vous imaginez leur angoisse, attendre sans nouvelle dix heures le temps de ma greffe ! »
« Pendant qu’on m’appelait pour des poumons, une famille pleurait son enfant »
Aujourd’hui, fini les poumons vieux de plus de 100 ans. « C’est terrible : Pendant que j’avais un appel du chirurgien pour me dire qu’il avait des poumons pour moi, une famille pleurait son enfant. J’ai un énorme respect pour eux. » Pour tenir, alors qu’il était au plus mal, et qu’il ne respirait que sous machine, Geoffrey et son amie ont fait une liste des choses qu’ils voulaient faire. Comme pour conjurer le sort.
Un voyage à l’étranger, une nouvelle voiture, une micro-entreprise de vêtements d’occasion, militer pour le don d’organe, parler de la muco... Une nouvelle histoire s’écrit, sûrement aussi un autre livre, celui de l’après-greffe. Et qu’importent les deux grandes cicatrices qui balafrent son torse, les médicaments anti-rejet à prendre à vie ou la biopsie mensuelle. Geoffrey revit enfin.
«L’impression de vivre ma mort»
Malgré la maladie qui lui est tombé dessus alors qu’il avait quatre ans, Geoffrey est connu pour avoir toujours le sourire. Du moins en public. Car, il l’avoue dans son livre et en interview, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 25 ans, a eu des passages à vide.
Alors, comme à chaque Virades que ses parents organisent tous les deux ans pour collecter des fonds et lutter contre la mucoviscidose, il montera sur scène. Pour expliquer, témoigner... « Les gens m’ont vu avec le sourire, il y a deux ans. Parce que j’allais bien. Maintenant que je me suis fait greffé, je vais encore mieux. Le souci, c’est qu’entre deux, ils ne se rendent pas forcément compte de ce que j’ai traversé. »
Pour en savoir plus, bien sûr, il y a le livre, mais il y aura aussi les photos. Une exposition qui retrace étape par étape les moments difficiles avant la greffe : la vie sous oxygène et perfusion, la mine défaite, l’attente interminable des proches le jour J, et les suites de l’opération. Il y a aussi les mots terribles de Geoffrey : « Quand, avant la greffe, j’ai dit au revoir à mes parents, à mon amie, à ma sœur, à mon beau-frère, j’ai eu l’impression de vivre ma propre mort. » Auparavant, à un âge où l’on croque la vie à pleines dents sans se soucier du lendemain, il avait également dû formuler ses dernières volontés.
Geoffrey raconte tout ça avec une grande sincérité, sans fausse pudeur, tout comme il évoque l’amour de sa famille qui l’a porté toutes ses années et l’amour de celle qu’il a rencontrée, il y a plus d’un an. « Maintenant, je peux vivre sans être pressé par le temps. Sans craindre qu’il n’y ait pas de lendemain. ». (source : la voix du nord )
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