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La greffe de rein d' Oriane
Oriane Moretti, Seconde dauphine de Miss FranceOrganes 2014 - région Aquitaine, greffée du rein :
Je m’appelle Oriane, j’ai 23 ans, et je suis greffée d’un rein.
Il n’y a pas vraiment eu de signes alarmants avant que l’on découvre ma maladie. J’étais très fatiguée et peu motivée pour tout mais on mettait ça sur le compte de l’adolescence. Puis, sont survenus d’insupportables maux de tête, une grosse anémie, puis des œdèmes … Ce fut assez soudain. Après être montée jusqu’à 18 de tension en me levant, gonflée comme un ballon, je suis allée chez le médecin qui m’a prescris une prise de sang. Prise de sang qui a mené à la conclusion que je souffrais d’une insuffisance rénale en phase terminale. On a découvert cela en novembre 2007, j’avais fait 17 ans à peine un mois et demi avant.
On m’a dit : « tu vas à l’hôpital pour faire de plus gros examens, tu n’y resteras pas trop longtemps ». J’étais en Terminale, année du BAC, je n’avais pas envie de m’éterniser à l’hôpital. Je suis allée aux Urgences, et j’ai subi une batterie d’examens, je ne comprenais pas, j’étais fatiguée, et un médecin est arrivé et m’a dit : « c’est bien les reins, il va falloir dialyser et envisager rapidement une greffe ».
Le lendemain matin j’étais au bloc pour que l’on me pose des cathé-canaux pour la dialyse. Le matin suivant, on m’a fait une biopsie du rein gauche afin de connaître l’origine de la maladie. J’ai commencé à dialyser. C’était long et fatigant. Je devais rester à l’hôpital car quelque chose ne se passait pas comme prévu, je n’allais pas bien. En effet, la biopsie s’était mal passée, puisque le médecin avait touché une artère rénale et j’ai fait une hémorragie interne. J’ai donc été transportée d’urgence au CHU de BORDEAUX afin que l’on me stoppe cette hémorragie. (Au final, tellement mes reins étaient atrophiés, on ne sait même pas réellement de quelle maladie j’ai souffert, les médecins se positionnent entre la maladie de Berger ou un purpura rhumatoïde…)
J’ai été hospitalisée 1 mois en tout. La reprise du rythme scolaire fut difficile. Je devais en plus dialyser trois fois par semaine, 4 heures à chaque fois. Je ne sortais presque plus, passais peu de temps au lycée, avait du mal à suivre les cours, et à rattraper ceux que je manquais. Le plus dur c’était la distance qui se formait entre mes amis et moi…
L’hémorragie interne avait des conséquences, puisque une bonne partie de mes organes vitaux avaient été pris dedans, on ne pouvait donc pas envisager la greffe pour l’instant… On a dû attendre que l’hématome diminue. Entre temps j’ai subi deux opérations, pour que l’on me créé une fistule dans le bras, afin de simplifier les dialyses et de m’enlever les cathé-canaux qui devenaient un nid à microbes.
Puis, le Professeur a donné son feu vert pour l’inscription sur liste d’attente. Mais, ma maman qui avait du mal à concevoir que je sois malade et si faible avait aussi entrepris de faire les tests nécessaires afin de me donner un rein.
J’ai continué à dialyser, et à vivre ma scolarité comme j’ai pu. J’ai passé mes épreuves écrites du BAC. Puis le 23 Juin 2008, j’ai révisé tout l’après-midi mes épreuves orales que je devais passer le lendemain au matin.
J’allais me coucher, hyper stressée pour le lendemain, quand j’ai entendu le téléphone de mon père sonner. Il était tard. J’ai compris de suite. Alors qu’il a décroché, je me suis mise à pleurer. Je suis allée voir ma mère et lui ai dit, « je suis sûre que c’est pour la greffe, maman je ne veux pas y aller, je ne peux pas, demain j’ai mon BAC ! ». BINGO ! C’était ça, mon père disait au téléphone « oui, oui, oui », puis, « on va faire au plus vite ». NON ! « Papa j’ai le BAC demain ! ». Mais, après m’être faite résonner par mes parents, je me suis rendue compte que c’était une chance que je ne pouvais pas me permettre de laisser passer. Un taxi est venu nous chercher, car on était tous très épuisés, et nous sommes partis en pleine nuit direction Pellegrin à BORDEAUX. 2h de route après, on arrivait.
Au CHU on m’attendait, j’ai dû faire encore plusieurs examens, radio et prises de sang … La chambre était prête, dans le service tout le monde était aux petits soins, puis mes parents et moi nous sommes couchés. Le lendemain matin, le Professeur est venu me voir en chambre. Il m’a dit que, suite à mes nombreuses transfusions sanguines dues à mon hémorragie interne, il y avait des risques que j’ai développé trop d’anticorps pour recevoir le greffon, donc il fallait qu’on s’attende à ce qu’il y ait un risque que je doive rentrer chez moi. Mais c’était bon, vers midi, il est venu nous dire que le greffon était pour moi.
Je suis descendue au bloc … et quelques heures plus tard, j’avais un nouveau rein, greffé dans ma fosse iliaque droite (en bas du ventre), car on ne m’a pas retiré mes reins d’origines.
J’ai passé quelques jours en SAS de greffe, où il fallait être masqué et avoir des chaussons pour venir me voir. Je n’étais pas seule dans le SAS, nous étions deux. Une autre jeune fille était là, elle était un peu plus jeune que moi, et elle avait reçu l’autre rein. Nous étions sœurs de reins… Elle est moi avions donc reçu les deux reins d’une seule et même personne.
Plus tard, je suis remontée en chambre, puis suis rentrée chez moi. Je me souviens que mes parents m’avaient acheté un pot de Nutella, car les mois avant, en tant que dialysée, INTERDICTION au chocolat, car trop de potassium, j’ai donc savouré chaque cuillère que je mangeais… MIAM !
En Septembre, j’ai passé mes oraux du BAC … et je l’ai eu !
Je n’ai dialysé que pendant 7 mois, j’ai eu de la chance d’avoir été si vite greffée. Mais les 7 mois que j’ai vécu ont été les pires de ma vie, et étant entre adolescence et âge adulte, j’ai perdu beaucoup de bons moments. Le 23 Juin 2008, une famille a perdu un être proche, mais grâce à leur générosité, moi, et tous ceux qui ont bénéficié de ce Don d’Organes, avons vécu une renaissance.
Cela fait 6 ans. 6 années que je me suis faite greffée. 6 années que, comme je dis souvent, je suis revenue à la vie. J’ai pu sortir à nouveau, faire la fête, profiter de mes amis, manger presque tout ce que je veux, et surtout plus dialyser !
J’ai juste un « raté », je n’ai pas pu accéder à mon rêve de devenir pilote de chasse, car ni la maladie, ni la greffe, ne sont compatibles avec ce métier et avec l’Armée. Mais bien que j’aie « perdu mes ailes » le jour où l’on m’a décelé cette maladie, je me sens aujourd’hui plus épanouie que jamais.
Maintenant, je vis ma vie, avec les contraintes imposées, mais elles sont si minimes par rapport aux contraintes qu’imposait la dialyse ! Je suis âgée de 23 ans, et après avoir un peu tournée en rond niveau professionnel, j’ai trouvé ma voie et compte devenir Auxiliaire de Puériculture.
Grâce à l’Association FranceOrganes, j’ai trouvé le courage de me présenter au concours de Miss qu’elle a organisé le 28 Juin 2014. Je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion car je me sens plus qu’impliquée dans cette cause. J’ai donc été élue Seconde Dauphine, et je suis fière aujourd’hui de porter cette écharpe et d’être devenue membre de l’Association FranceOrganes afin d’aider les personnes en attente de greffe. ( source : Franceorganes )
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