• James héros malgré lui à Girac:

                           

     "j'ai eu 55 interventions chirurgicales"

    À 66 ans, James Briand est le plus ancien dialysé du Poitou-Charentes 40 ans de traitement, trois séances par semaine Girac a fêté l'événement hier et souligné son courage face à l'épreuve.

      James Briand
    Les soignants qui ont accompagné James Briand depuis quarante ans se sont retrouvés autour de lui hier. Il est aussi un encouragement pour les autres. Photos Phil Messelet 

                Il avait 27 ans quand il est entré à l'hôpital en 1972 à Bordeaux. En 1978, il a quasiment inauguré le service tout neuf de l'hôpital de Girac. James Briand était ouvrier agricole à Genac. «Aide familial», dit-il. Même pas déclaré. Hier, il a fait déplacer à Girac tout le service d'hémodialyse, rappelé les infirmières à la retraite et même depuis Bordeaux l'un des pionniers de la discipline. Quarante ans de dialyse. James Briand est le doyen en Poitou-Charentes. «Et peut-être pas loin, en France, envisage le Dr Laurent Yver, l'ancien chef de service de néphrologie de Girac. Ils ne sont pas très nombreux.»    

          James Briand est lui aussi un pionnier à sa manière, acclamé lorsqu'il est entré dans la salle du club des médecins, appuyé sur sa canne, le regard vif, la démarche un peu hésitante. «Je ne suis pas un héros. Un pauvre individu qui a subi beaucoup de calvaires, de soins difficiles. C'est surtout beaucoup de volonté. Et de plus, j'ai une leucémie depuis dix ans.» Jamais il n'aurait imaginé «ce que ça pouvait être». «J'ai eu cinquante-cinq interventions chirurgicales. J'ai été greffé en avril 1976 et dégreffé en septembre.» Deux rejets. Son corps n'a pas voulu du rein d'un autre. Et James Briand n'a pas voulu tenter une seconde expérience. «J'ai eu le virus de l'hépatite.» Ce devait être dans les seize flacons de sang pour l'opération.    

            Le Dr Yver, son médecin, a accepté sa décision. Et James Briand a enchaîné les séances. Trois par semaine branché à une machine qui lui purifie doucement le sang. L'homme n'est pas du genre à se plaindre. Mais, «ce n'est pas une vie», lâche-t-il. «C'est devenu une routine.» Jamais il n'aurait imaginé en prendre pour quarante ans. «La vie, on n'en profite pas.» Il le dit: c'est très difficile. Il a tenu grâce à son épouse, à son entourage. «L'envie de vivre est la plus forte. C'est aller un peu plus loin tous les jours.» Même si à 63 ans, Pierrette, l'épouse, a un peu «les nerfs qui lâchent» si James a «des fourmis au bout des doigts et pas d'équilibre». Il lui tarde pourtant de quitter la clinique bordelaise où il est actuellement hospitalisé pour retrouver la maison de retraite d'Aigre. C'est leur nouvelle maison depuis mars. «Ça fait aussi un choc.» Mais il est soutenu. «C'est ça qui donne la force de se battre.»  

        Et qui force l'admiration de Michèle Ollard. «Je l'ai quand même dialysé pendant vingt-sept ans.» L'infirmière est à la retraite, veuve depuis peu. «Pour lui, il fallait que je vienne. Un patient formidable, sérieux, avec un tel respect pour le personnel. On ne peut pas l'oublier.» D'ailleurs, elle est restée en contact. «On se soutient. Quarante ans. Quel courage!»  

    James Briand est à peine surpris. «Malheureusement, glisse-t-il malicieusement, je connais un peu tout le monde ici. Et si je devais ajouter ceux de Bordeaux...» Dans tous ceux-là, le patient a rencontré bien «des gens qui ont du coeur».

            Il ne fait pas le phénomène avec ses 4 240 séances, ses 25 000 heures de dialyse, ses 500 000 litres de sang purifié, les 1 400 aiguilles qui lui ont troué la peau, les 9 professeurs, 40 néphrologues, la centaine d'infirmières et autant d'aides-soignantes qui l'ont entouré. Mais James Briand est un symbole pour ses soignants. Un exemple, sûrement, pour les autres patients. «Vous n'avez pas subi la maladie, dit le Dr Yver. Vous l'avez affrontée.» (source journal Charente Libre du 16 11 2012) 


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