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Greffées, sportives et médaillées
Greffée des poumons, Karine Celhay vient de rentrer avec trois médailles des Jeux mondiaux des transplantés à Durban. Une collégienne landaise s’est aussi illustrée chez les enfants.
«J’ai l’impression que j’étais partie depuis une éternité ! » Karine Celhay vient de retrouver son appartement à la Bastide et reprend ses marques à Bordeaux. Elle est rentrée la semaine dernière d’un séjour de plus de trois semaines en Afrique du Sud.
Un « merveilleux voyage », a-t-elle écrit sur son blog. Un voyage pas comme les autres. En dehors d’un safari-photo dans un parc naturel et d’une étape au cap de Bonne-Espérance, la jeune femme a participé aux Jeux mondiaux des transplantés, à Durban, parmi 1 500 participants venus de 55 pays.
Seule Aquitaine de la compétition dans la catégorie « adultes », elle faisait partie d’une délégation française composée de 54 adultes et de 13 enfants. Tous avaient fait le déplacement avec l’association Trans-forme, qui regroupe des sportifs transplantés. Des personnes qui, à un moment de leur vie, ont eu à subir la greffe d’un organe.
Karine Celhay, lors de son hospitalisation à l’Institut Bergonié et au CHU Haut-Lévêque, à Bordeaux, a fait l’objet d’une greffe de la moelle osseuse (2005) et des poumons (2008). Le sport, et notamment la natation, pratiquée dès son enfance dans les Pyrénées, l’a aidée à « retrouver une vie normale ».
Première Française
Elle l’a prouvé lors des épreuves à Durban. À peine arrivée, elle participe à la finale femmes de course à pied (5 kilomètres). Elle finit à la troisième place et est la première Française à décrocher une médaille. Danse de joie avec des athlètes sud-africaines, émotion au moment de monter sur le podium avec le drapeau tricolore en arrière-plan. Et premières impressions en direct avec un journaliste d’Europe 1 à Paris.
« Cette médaille m’a vraiment étonnée », dit-elle aujourd’hui. Cette habituée des piscines misait surtout sur la natation, son point fort. Elle ne sera pas déçue. Dès les premiers jours d’août, elle remporte deux médailles d’argent, l’une lors du 100 mètres brasse, l’autre sur 100 mètres dos.
Karine s’était entraînée à partir de la fin de l’année dernière, période à laquelle elle avait décidé de participer aux Jeux mondiaux des transplantés. Sur place, à Durban, il a d’abord fallu miser sur la concentration, entre le trajet de l’hôtel aux sites sportifs, les retards, le briefing quotidien, les imprévus. « La course des 5 kilomètres était plus dure que je ne pensais, dit-elle, dès le début, il y avait une montée en plein soleil avec le vent de face ! »
« J’étais portée un peu par la concentration, mais surtout par le fait d’être avec les autres, par l’esprit d’équipe », dit-elle. Chaque soir, à 18 h 30, tous les athlètes présents se retrouvaient au même buffet. Comme ces frères jumeaux argentins, l’un greffé d’un rein donné par son père, l’autre greffé avec un rein de sa mère. De quoi nourrir « un voyage riche en émotions et en rencontres ».
Leçon de haka
Une amie qui l’accompagnait a glissé à l’oreille de Karine : « On oublie que vous êtes greffés. » Quiconque, en voyant les candidats sud-africains faire monter l’ambiance ou les Tahitiens organiser des leçons de haka, aurait sincèrement émis le même commentaire. En pensée, la jeune Bordelaise « en profite encore ». Et il lui reste à partager ces souvenirs avec ses parents, en Hautes-Pyrénées, et ses amis.
Maintenant, celle qui l’an dernier enseignait à l’école Nuyens, à Bordeaux-Bastide, pense à la rentrée, où elle aura un poste de remplaçante dans un secteur englobant Bouliac et Floirac, dans l’agglomération bordelaise. Il y a quelques jours, à Durban, le rendez-vous a été pris pour les prochains Jeux mondiaux des transplantés, en 2015, en Argentine. Y aller ? « J’en ai très envie », confesse Karine. (source sud-ouest du 03 09 2013;Publié le 31/08/2013 à 06h00 Par Michel Monteil )
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