• Victime des pesticides

    Jean-Marie Desdions , 58 ans , agriculteur à Vailly-sur-Sauldre (Cher), a tenté de s'attaquer au géant de l'agrochimie Monsanto après avoir obtenu la reconnaissance de son cancer comme <<maladie professionnelle >>.

    Victime des pesticides

    << Je suis une victime des pesticides>>

    En 2001, alors que je me hissais dans la cabine de mon tracteur pour labourer mes champs de maïs , je me suis sévèrement fracturé l'humérus , l'os situé au haut du bras .Mon vertébrologue m'a conseillé de faire des analyses de sang au laboratoire . Quelques jour après , j'apprenais que j'avais un myélome , une tumeur de la moelle osseuse. J'étais sous le choc , d'autant que j'étais déjà au stade terminal de la maladie au moment du diagnostic ! Très vite , mon médecin m'a envoyé au service d'hématologie de l'hôpital Dieu à Paris pour rejoindre un groupe de patients qui suivait un protocole de soins. le chef de service a suspecté chez moi une contamination chronique aux pesticides par inhalation prolongée. Lorsqu'il a su que j'utilisais exclusivement du chlorobenzène dans mes champs depuis une dizaine d'année , il a tout de suite fait le rapprochement entre mon cancer et cette molécule créée par le géant américain Monsanto. Il m'a alors vivement conseillé d'entamer des démarches pour que la pathologie soit reconnue comme <<maladie professionnelle >>, chose qui a été faite en 2005 par un collège de médecins et ma compagnie d'assurance , au prix de quatre ans de lourdes démarches .

    Mon calvaire a duré huit ans, pendant lesquels j'ai subi des séances de chimiothérapie et deux autogreffes qui n'ont pas fonctionné.

    Puis un donneur m'a permis de bénéficier d'une allogreffe qui m'a sauvé la vie . Aujourd'hui, je suis en totale rémission. C'est un miracle ! De mes séjours à l'hôpital, je garde un souvenir douloureux. Heureusement que ma femme et mes deux enfants étaient là pour me soutenir! J'ai eu la chance d'être suivi par la meilleure équipe d'hématologues d'Europe . Aujourd'hui, je suis extrêmement reconnaissant du travail accompli. Et je bénéficie toujours d'un suivi médical annuel avec une analyse de sang.

    En 2011 , j'ai participé à la création de Phyto-Victimes

    Une association d'aide aux professionnels victimes des pesticides. Le président de l'association n'est autre que Paul François, un agriculteur charentais, connu pour avoir été le premier à intenter un procès à Monsanto après avoir inhalé accidentellement une forte concentration de pesticides. Si le tribunal de grande instance (TGI) et la cour d'appel de Lyon ont reconnu la responsabilité du fabricant en 2012 et en 2015, notamment parce que la molécule , vendue sous le nom de <<Lasso>> par la marque, a été retirée du marché en 2007, Monsanto s'est pourvu en cassation dans cette affaire. De mon côté, j'ai également attaqué le géant américain en justice en 2011. J'ai été aidé par l'association Générations Futures dans mon combat, Mais le TGI de Lyon m'a débouté en janvier dernier, car j'utilisais des génériques du Lasso et non la marque elle-même . La responsabilité du fabricant n'a donc pu être établie .

    Aujourd'hui, j'ai vendu une partie de mes terres et afin d'éviter une surconsommation de pesticides, j'essaie dans la mesure du possible - en prenant le risque de perdre une partie de la récolte - de faire l'impasse sur certains traitements , par exemple les fongicides . J'ai désormais un tracteur équipé d(une cabine pressurisée avec des filtres à charbon actifs pour éviter toute nouvelle contamination. Et j'aide mon fils maraîcher à cultiver ses fruits et légumes. Même si j'ai perdu face à Monsanto, j'espère que mon combat aura permis de faire la lumière sur les ravages du lobby de l'agrochimie .

    La France vice-championne d'Europe de consommation de pesticides

    Avec près de 30 millions d'hectares de surface cultivée, l'hexagone est le premier producteur agricole d'Europe . Pas étonnant que l France y soit vice-championne de consommation de pesticides, au coude-à-coude avec l'Espagne depuis 2013 ! <<Dans les années 60-70 , la vocation de notre pays était de développer une agriculture intensive , d'où l'emploi massif des pesticides sur nos sols >> , rappelle François Veillerette, porte-parole de l'association Générations Futures . Mais pourra-t-on un jour s'en passer ?<< Des solutions agronomiques existent, comme l'introduction d'insectes prédateurs dans les cultures ou bien la diffusion de pièges à phéromones jouant sur la confusion sexuelle des insectes qui ne peuvent plus se reproduire >> explique-t-il . Utilisées de manière combinée , ces solutions sont efficaces à condition qu'elles prennent leur place dans un système de production intégré qui pousserait les agriculteurs à revoir entièrement leur copie en matière de choix des variétés de mode de fertilisation des sols . . . << Rien n'est impossible >> (Extrait de Vivre N°375 Octobre 2017)


  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Janvier 2018 à 11:39
    2
    Lundi 15 Janvier 2018 à 16:24

    J'avoue que je suis partagée par plusieurs sentiments 

    D'abord je suis triste pour ce Monsieur , il est trop tard et il aurait dû ne jamais employer ces produits 

    Mais pourquoi a-t-il utilisé ce produit, chacun sait que ce sont des poisons , il vaut mieux vivre petitement d'un bout de terre que de  voir grand et d'accepter d'empoisonner le monde au détriment de sa propre santé , il y en a qui s'en sorte sans produire industriellement 

    Et pourquoi nos dirigeants tous autant  qu'ils sont pourquoi ne pas mettre ces producteurs   de produits derrière les barreaux à vie , 

    De + en + de jeunes reviennent en arrière et c'est tant mieux 

    A trop en vouloir voilà ou on en est 

    Je suis contre les exploitations hors norme 

     

     

     

    3
    Mardi 16 Janvier 2018 à 05:07

    beau témoignage qui done matière à réfléchir 

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