-
Une histoire de coeur
Après une greffe du cœur,
Mélanie est devenue maman.
Mélanie, 33 ans, a subi une greffe du cœur à l’adolescence. Cela ne l’a pas empêchée, malgré les fortes réticences de ses médecins, de mettre au monde un petit garçon. Son désir d’enfant a été plus fort que tout.
Greffée du cœur, j’ai eu un enfant malgré l’avis des médecins
Très jeune, mon cœur m’en a fait voir de toutes les couleurs ! A l’âge de 9 ans, j’ai fait un infarctus… A 12 ans, il m’était impossible de faire le moindre effort, de monter un escalier et bientôt de marcher. Je m’évanouissais à tout bout de champ ! A 12 ans et demi, mon pronostic vital était engagé : il fallait absolument me greffer un nouveau cœur, sinon je perdais la vie. Après quelques mois d’attente, j’ai eu la chance que l’on me greffe un cœur tout neuf : j’avais alors 13 ans. L’opération s’est déroulée sans anicroche et la vie m’a ouvert les bras : je pouvais remarcher sans problème, avoir une vie d’adolescente normale, ou presque. La seule chose qui était très pénible, c’était de prendre toutes les huit heures le médicament antirejet. Quatre mois après la greffe, je suis retournée à l’école, je suis redevenue comme les autres, sauf que mon cœur battait très vite et que les sports collectifs m’étaient interdits.
Un désir d'enfant si fort
Vers 16 ans, j’ai commencé à avoir des complexes. Je n’acceptais pas mon corps avec son immense cicatrice sur le torse… Évidemment, j’étais sûre qu’aucun garçon n’allait s’intéresser à moi : je pensais que je n’étais pas tout à fait "normale". Et puis, à 17 ans, je suis tombée folle amoureuse d’un garçon de mon âge. J’étais sûre de n’avoir aucune chance avec lui, et pourtant, il m’a trouvé belle et sympa, et très vite, nous sommes sortis ensemble. Rapidement, je lui ai dit que j’avais subi une greffe de cœur : à ma grande surprise, ça n’a rien changé à ses sentiments. C’est lui qui me rassurait quand je lui disais que je ne comprenais pas qu’il s’attache à une fille comme moi !
A 23 ans, nous nous sommes mariés et pour moi, c’était une évidence que j’aurais un enfant de l’homme que j’aimais… Évidemment, j’en ai parlé à mon cardiologue qui s’est montré plus que réticent. Sans me l’interdire totalement, il m’a expliqué qu’une grossesse pouvait provoquer un risque de rejet. J’étais désespérée, mais je n’ai pas voulu baisser les bras. J’ai cherché de la documentation sur Internet et j’ai trouvé des témoignages de femmes greffées du cœur qui étaient quand même devenues mamans, sans problème particulier. Ça m’a redonné espoir. J’ai revu alors mon médecin qui, devant mon désir d’enfant si fort, m’a alors simplement conseillé de n’en avoir qu’un seul. Il m’a expliqué qu’on allait modifier mon traitement antirejet et me changer d’immunosuppresseur, ce médicament qui empêche le rejet. Ça m’a soulagée d’avoir son feu vert, même s’il le donnait à contrecœur, c’est le cas de le dire ! J’ai alors tenté de tomber enceinte, mais j’ai fait trois fausses couches à la suite, qui n’avaient rien à voir avec ma greffe. Enfin, au bout d’un an et demi environ, je suis tombée de nouveau enceinte : cette fois, tout a fonctionné et j’ai commencé une grossesse.
Par sécurité, à la demande de mon médecin, j’ai arrêté de travailler très vite et je me suis reposée le plus possible. Quand j’ai senti mon bébé bouger pour la première fois, j’ai été émue aux larmes.… J’avais bien sûr un suivi très rigoureux : en plus des échographies habituelles, j’ai eu cinq échographies cardiaques pour vérifier comment mon cœur réagissait. La seule fois où je me suis angoissée, c’est quand le médecin a demandé une échographie fœtale pour vérifier le cœur de mon bébé. Heureusement, tout allait bien.
L’obstétricien m’avait dit que l’on me ferait une césarienne pour éviter un accouchement par voie basse, qui demanderait trop d’efforts à mon cœur. Ça me rendait particulièrement triste de ne pas pouvoir accoucher normalement. J’ai alors réussi à convaincre mon médecin de me laisser mettre au monde mon enfant par voie naturelle, et finalement, mon enfant est né dans un temps record : en quatre heures il était là ! Je n’ai pas eu le temps de fatiguer mon cœur !
Mon fils, mon bonheur
A la naissance, mon petit garçon n’était pas très gros puisqu’il pesait 2,380 kg pour 45 cm. Il est vrai qu’il est né près de trois semaines en avance. Mon cardiologue m’avait prévenue que les femmes greffées du cœur accouchaient souvent prématurément. Mais malgré son poids plume, mon bébé allait très bien. On lui a fait très vite une échographie cardiaque qui a montré qu’il avait un cœur qui fonctionnait parfaitement. J’aurais bien allaité mon bébé, mais les médecins me l’ont vivement déconseillé à cause des médicaments anti-rejet que je prenais chaque jour et qui pouvaient se retrouver dans mon lait. Cette fois, je les ai écoutés sans rechigner ! Aujourd’hui, mon petit gars a 5 ans et il est vif comme l’éclair : c’est un vrai bonheur ! Il est au courant pour ma greffe : il a vu ma cicatrice et ça ne semble pas le déranger plus que ça. Je sais que je suis une miraculée, je reviens de loin, mais je pense à l’avenir avec confiance. Si j’avais écouté les médecins, je n’aurais jamais eu d’enfant ! Je comprends qu’ils soient très prudents et ne souhaitent pas prendre de risque avec des patientes comme moi, mais j’ai suivi mon instinct et j’ai eu raison de le faire. Aujourd’hui, j’ai une famille, un travail, une maison et je me sens bien dans mes baskets de maman ! La seule chose, c’est que je dois continuer mon traitement anti-rejet à vie. Désormais, je prends une gélule le matin, une le soir, ce qui n’est finalement pas si terrible que ça, et mon cœur est en pleine forme. Bien sûr, je ne vais pas tenter le destin : malgré mon envie, je n’aurai donc qu’un seul enfant, ce qui est déjà extraordinaire pour quelqu’un qui a eu le parcours de santé qui est le mien. Condamnée à l’âge de 13 ans, vingt ans plus tard, je vis entourée de l’amour de mon fils et de mon mari. Ma vie, finalement, est une belle histoire de cœur ! ( Source: journal parents Article de Gisèle Ginsberg ,mis à jour le 7 mars 2017 )
-
Commentaires
C'est sûrement très courageux
Mais je pense que je n'aurais pas pu aller au-delà de l'avis du médecin
Bonne soirée