• Un bidonville pour royaume (2/3)

    Dieu avec nous .

    Apparemment , rien dans sa vie antérieure ne la préparait à affronter de telles difficultés . Née à Bruxelles en 1908 dans une famille française aisée , Madeleina Cinquin , semblait promise à une vie facile . Mais à douze ans , la lecture d'un livre de prix traitant des missions en Afrique décide de sa vocation . << dès ce moment , explique-t-elle , je résolus de me faire missionaire . >> A vingt ans , elle entra dans l'ordre de Notre -Dame de Sion et prit le nom de Soeur Emmanuelle (dieu avec nous)

     

    La jeune religieuse commença sa carrière en enseignant dans des écoles françaises en Turquie  et en Tunisie . Après avoir obtenu des diplômes de phylosophie , de grec et de latin à Bruxelles , Istanbul et Paris , elle est envoyée en 1965 à Alexandrie comme professeur dans un collège des dames de Sion . Mais c'était les enfants des riches , et non ceux des pauvres , qui fréquentaient les établissements religieux , constata-t-elle . De plus en plus déçue , elle demanda à Mgr Heim de l'aider à remplir son apostolat , et il lui fit visiter le bidonville de zabbaline ...

     

    les premières semaines se révélèrent pénibles , car soeur Emmanuelle se heurtait à un mur de suspicion et d'hostilité . Puis un soir ,en regagnant sa cabane , elle s'aperçut que son broc  d'eau était vide et que la pompe située à l'extérieur était en panne . Il faisait nuit noire et tout le monde dormait . Mais une voisine qui l'avait entendue essayer vainement d'amorcer la pompe vint lui offrir une cruche pleine d'eau .<< J'ai été bouleversée , dit soeur Emmanuelle . Cette femme m'a donné tout ce qu'elle avait ,jusqu'à la dernière goutte .>>

     

    Cette acte de bonté marqua un changement complet dans l'attitude des éboueurs . Les femmes saluaient plus cordialement la religieuse et lui offraient de la nourriture . Soeur Emmanuelle ne perdit pas de temps . Avec l'aide de ses voisines elle balaya une cabane inoccupée où elle installa une douzaines de bancs et quelques tables qu'elle avait fabriqués avec de vieilles caisses . Ayant obtenu une petite subvention de l'organisation catholique Caritas , elle acheta des crayons , de la craie , du papier , et eut la joie d'acceuillir dans cette école toute neuve une dizaine de petits élèves . L'un des hommes écrivit sur la porte en gros caractères arabes Allah Mahaba (dieu est amour ), et au-dessus il traça une croix et un croissant entrelacés . <<Cela symbolise tout ce que nous faisons ici ! >> dit soeur Emmanuelle

     

    Et bientôt , plus de 50 enfants se pressèrent chaque matin à l'école . Caritas offrit à chacun d'eux un sarrau de coton et un cartable de toile . <<J'étais ravie de voir ces petits parfaitement propres cinq heures par jour >> dit soeur Emmanuelle .

     

    Tout aussi important , les parents , de plus en plus fiers de leurs enfants , étaient de moins en moins hostiles à ce qui venait de l'extérieur ; ils autorisaient maintenant leurs rejetons à poursuivre leurs << études >> à l'école primaire du village voisin

     

    Ensuite , soeur Emmanuelle s'occupa des femmes . Une fois le jardin d'enfants terminé , à 13 h , elle ouvrit la salle de classe à toutes celles qui désiraient apprendre à coudre , à tricoter , à faire du crochet . Après quelques hésitations , 70 femmes se mirent à fréquenter régulièrement ces cours de pratiques . Certaines apprirent même à se servir d'une machine à coudre , don d'un ami suisse , et acceptérent des <<commandes >> extérieures qui leur donnèrent de précieuses ressources financières , et développèrent en elles le sentiment de leur dignité .

     

    En fin de journée , la petite salle de classe était encore disponible quelques heures . Aussi soeur Emmanuelle lança-t-elle un cours d'alphabétisation pour adultes . Au début , personne ne vint . Après une longue journée de travail , les éboueurs préféraient boire et risquer leur argent au jeu . Mais elle persévéra . Finalement quelques éléves se présentèrent , puis d'autres , et bientôt elle en eut tant , et si doués , qu'elle dut engager un instituteur . Le 28 octobre 1977 , qu'elle considère comme l'un des plus beaux jours de sa vie , Kamal Khairallah , remis des cettificats de langue arabe à 36 éboueurs . Grâce à ce précieux document , nombre de ces diplômés trouvèrent des emplois au Caire . Depuis , bien d'autres ont suivi l'exemple . 


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