• Ma victoire sur la leucémie (3/3)

    Tout allait mal . Les médicaments antirejet laissaient l'organisme sans défense contre les microbes . Une infection vaginale se déclara , accompagnée d'hémoragies . Quelques jours plus tard , ce fut une pneumonie . Linda avait 40°,9 et frissonnait si violemment que son lit en était ébranlé et qu'il fallait la tenir . Les antibiotiques n'agissaient guère . On lui administra des plaquettes sanguines pour aider à la coagulationnormale du sang et des globules blancs pour lutter contre l'infection . C'est moi qui donnais des plaquettes , tous les jours . L'intervention durait quatre heures ; on commençait par introduire mon sang dans une centrifugeuse pour en extraire les plaquettes , après quoi on me restituait sang et plasma . Cela dura une demaine au cours de laquelle je donnai deux litres de sang ; ensuite , Jan prit la relève . Rusty, qui était arrivé entre-temps avec son frère fut choisi pour donner les globules blancs indispensables . Il subit pendant une semaine des interventions analogues aux miennes

     

    Et cependant , malgrè nos efforts , Linda déclinait de jour en jour . La nuit , nous avions peur d'entendre sonner le téléphone . Puis un jour , le Dr Klock nous annonça , tout joyeux , que les poumons se dégageaient. Les globules blancs de Rusty l'avaient sauvée .

     

    - Je peux bien vous le dire maintenant , nous avoua-t-il , c'est la pneumonie qui tue plus de la moitié de nos malades .

     

    Mes cheveux commencèrent à tomber par poignées , j'en avais dans mon lit , dans les yeux, dans la bouche , dans mon assiette, partout . C'était affreux . J'avais l'air d'un monstre . Je les ai tous perdus , mais heureusement ni mes cils ni mes sourcils .

    Tous les jours se ressemblaient , s'estompaient  daans un mélange de souffrances : diarrhées, comprimés, piqûres, ponctions lombaires , rayons se succédaient et , quand je gardais deux goegées de coca-cola , on me récompensait d'un sourire . La nuit , je dormais d'un sommeil agité . Le Dr Klock redoutait autant que moi les ponctions lombaires que l'on pratique en insérant un long trocart entre les vertèbres . Mon dos , constellé de petits trous qui, chacun, m'avait arraché un hurlement , ressemblait à un paysage lunaire .Le vingt et unièmr jour , le Dr Klock tenta une fois de plus de prélever de la moelle dans ma hanche , et, à travers mes sanglots habituels , je l'entendis s'écrier :

    - Aujourd'hui , ça y est ! il y en a !

     

    La bouillie sanguinolente que le médecin étendit sur ses lamelles n'aurait rien signifié pour un profane , mais pour nous c'était le signe d'un miracle ; l'examen révéla que la moelle greffée prospérait et qu'elle ne contenait aucune cellule leucémique .

     

    Par un bel après-midi ensoleillé , papa prit une glace accrochée au mur et ladisposa de manière à lui faire refléter le paysage qu'on voyait à travers la fenêtre . La chaîne descascades , couverte de neiges eternelles , étincelait au soleil , et son sommet avait l'air d'une gigantesque glace arrosée de sirop de myrtille.

    Au bout d'un mois , je pus m'asseoir au bord de mon lit , pis dans un fauteil à côté , pendant quelques minutes . Je ne gardais toujours aucune nourriture et on m'alimentais au moyen d'une sonde insérée dans la veine sous-clavière . Enfin , je retrouvais mon fauteil roulant et , un jour ,,on me conduisit dans une salle d'où je pus apercevoir , par la fenêtre , notre appartement . Mais le spectacle qui me ravit par-dessus tout fut celui du mont Rainier dont la cime se perdait dans les nuages , à 4 400 mêtres d'altitude .

     

    Après avoir passé six semaines à Seattle , je regagnais Nashville , et le 7 juillet je reçus la plus belle lettre de ma vvie : <<Cher papa , j'en ai tellement assez d'être ici que j'ai envie de hurler . Quelle joie ce sera de rentrer à la maison ! J'ai l'impression de mourrir de faim , mais je suis toujours incapable de rien manger , je t'aime . Linda >> Chaque fois qu'elle avait frisé la mort , Linda avait soutenu qu'elle allait bien . Cette fois , elle se plaignait , j'étais sûr qu'elle allait mieux .

     

    A mesure que nous approchions tout doucement du jour fatidique , le centième après l'intervention , celui où elle quitterait l'hôpital s'il ne restait aucune trace de leucémie , la tension devenait intolérable . Chaque journée semblait plus longue que la précédente ...89...90...91... Enfin l'attente se termina . Jeannine m'appela et s'écria :

    - Le dernier prélévementa eu lieu aujourd'hui . Tout va bien . Nous serons à la maison le 21.

     

    A la date prévue , l'avion qui ramanait Linda s'immobilisa sur l'aérodrome de Nashville à 21 h 30 . Devant une énorme pancarte portant les mots <<BIENVENUE A LINDA ET JAN HONICKER!>>, quantité d'amis fidèles criaient <<hourra !>> , pleuraient et applaudissaient . Linda , en minijupe et en sandales , apparut dans l'encadrement de la porte et , sous son masque bleu stérile , je vis sedessiner un large sourire . Les larmes aux yeux , suffoquant de rire , elle descenfit lentement la passerelle et s'écroula dans mes bras . Nul besoin de paroles ; elle se retrouvait chez elle , elle avait gagné.

     

    Le 11 mai 1974 , , trois cent soixante-cinq jours après la greffe , la famille Honicker s'est assise autour de la table de la salle à manger . On a allumé une bougie , tout en haut , au sommet d'un énorme gâteau , et tout le monde a chanté en choeur ; <<joyeux anniversaire !joyeux anniversaire à notre chère Linda !>>. Et la formule était appropriée: Linda était bel et bien née une seconde fois , un an plus tôt , jour pour jour .

     

    En août 1974, Linda subit pendant huit jours toute une série d'examens à Seattle . Les résultats ont prouvé qu'elle était en parfaite santé . Elle travaille , mène une vie normale , et ne prend d'autre médicament qu'un banal complexe de vitamines et de minéraux . Nul ne peut présumer l'avenir , bien entendu , mais , selon tous les critères médicaux , Linda semble bien avoir triomphé de la leucémie .  (source : reader's digest 1974)

     


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