• Les 10 ans de greffe de Cyprien

    Il y a 10 ans jour pour jour, le 13 avril 2010, décédait un homme ou une femme que je ne connais pas, je ne connais pas plus sa famille, ses amis, ses proches.
    Ce que je sais c’est que cette personne est décédée brutalement (AVC, crise cardiaque, rupture d’anévrisme, etc.…?) et qu’elle et ses proches sont des gens immensément généreux, solidaires, ce sont des gens qui ont le cœur sur la main comme on dit.

    Dans le même temps, loin de ce décès, il y avait une autre personne qui avait un cancer du foie et qui, ce même 13 avril 2010, attendait une hypothétique greffe, elle était inscrite sur la liste d’attente des futurs greffés depuis le premier juillet 2009 soit 9 mois et demi plus tôt. Cette personne qui avait toujours gardée le moral, l’espoir de s’en sortir, depuis quelques jours était convaincue qu’elle ne survivrait plus à la maladie, qu’elle n’aurait pas la greffe suffisamment tôt par manque de donneurs, aussi, en essayant de cacher sa douleur morale aux siens, elle se préparait à quitter ce monde. On entend souvent dire « moi je n’ais pas peur de la mort », Cette personne avait peur, peur pour elle, peur pour les siens.

    Les 10 ans de greffe de Cyprien

    Cette personne allait avoir 64 ans 1 mois plus tard, elle était sure de ne pas y arriver, cette personne allait avoir un sixième petit enfant quelques mois plus tard mais elle ne le connaîtrait pas, cette personne qui aimait le travail du bois, qui faisait des jouets pour ses petits enfants, avait rangé son atelier.

    Ce soir du 13 avril 2010, 2 familles étaient dans la douleur, l’une venait de perdre un être cher et l’autre voyait la fin arriver à grand pas. Ce soir là, dans son extrême générosité, la famille qui venait de perdre un être cher, à la question de l’infirmière de coordination « voulez vous faire don des organes de votre défunt pour sauver d’autres vies », ils ont répondu OUI. Quant à la famille de la personne qui n’avait plus d’espoir, elle était désespérée, la personne ne se levait plus que pour prendre des semblants de repas, un silence de mort régnait dans la maison, les proches essayaient de lui parler mais il n’entendait plus, il était devant son potage qui refroidissait, il n’avait plus d’appétit depuis déjà quelques semaines.

    Ce soir du 13 avril 2010, la personne devant son potage froid avec son téléphone qui ne le quittait pas, broyait du noir quand tout à coup, à 19 h 45, ce fameux téléphone qui ne le quittait jamais se mit à sonner, le cœur de l’homme se mit à battre vitesse grand V et en décrochant il entendit cette voix qu’il connaissait bien qui lui dit « Mr Minaud, j’ai un colis pour vous, voulez vous le prendre », là j’ais explosé de joie car la personne dont je vous parle, c’était bien moi, Cyprien . Il était grosso modo 20 h et il fallait que je sois au CHU de Rennes au plus tard à 22 h ce fameux 13 avril 2010.

    Je n’ai jamais trouvé les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti à ce moments la, de la joie, de l’angoisse, de la reconnaissance pour mon donneur, tout ces sentiments mélangés et d’autres encore. Toutes les idées noir disparaissent d’un coup et l’image que je retiens de cette soirée est l’image d’un tunnel noir fermé des deux bouts et qui grâce à une explosion vous ramène à la lumière. La on imagine plein de profils de son donneur, est ce un homme, une femme, jeune, moins jeune, de loin ??? On ne le saura jamais.

    A mon arrivé à l’hôpital, il était à peine 22 heures, je suis pris en charge par deux infirmières qui me font passer plein d’examens, (radio, échographie, électro cardio, etc…..) , à environ 1 heure du matin on me fait prendre une douche à la Bétadine, mes vêtements ont été donnés à mon épouse et notre fils qui étaient encore présents et on m’a recouvert de la fameuse chemise à pression dans le dos.

    On m’installe sur un brancard, je dis au revoir aux miens et on me met dans une petite pièce en me donnant un petit cachet calmant.

    A 4 h 20 un brancardier vient me chercher, je suis reçu au bloc par 2 anesthésistes qui m’installent sur la table, il est 4 h 30 le 14 avril 2010 à la pendule du bloc et j’ai été endormi aussitôt.

    Sorti à 18 h 30, soit 14 h après, j’ai été mis en réanimation aussitôt et me suis réveillé vers 23 h soit plus ou moins 20 h d’anesthésie.

    Après 5 jours en réanimation, j’ai été mis en chambre de soins intensifs et très vite je me suis levé pour commencer à marcher.

    13 jours après mon entré à l’hôpital, je rentrais à la maison et c’est seulement à partir de ce moment là que j’ai réalisé l’importance de l’immense cadeau que m’avais fait mon donneur et sa famille, cadeau de la vie, une renaissance.

    Si 10 ans après, je suis toujours en vie pour vous raconter ma petite histoire, mon aventure de la vie, c’est bien grâce à elles, ces personnes généreuses, je ne les remercierais jamais à la hauteur du cadeau que j’ai reçu. Ce remerciement, je l’adresse à tous les donneurs et leurs proches, je pense entre autres aux parents qui ont perdu un enfant et qui malgré le déchirement ont encore la force et le courage de dire OUI.

    Que ce soit pour le don d’organes, le don de moelle osseuse ou le don de sang,

     

    MERCI. MERCI. MERCI

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 13 Avril 2020 à 21:34

    C'est un billet émouvant 

    Bonne soirée 

     

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