• La greffe préemptive de rein.

               

    La transplantation préemptive permet de bénéficier d’une durée de vie du greffon plus élevée que lorsque la greffe intervient après le début de la dialyse

    Comment s’explique cela ?

     La transplantation préemptive « stricto sensu » est celle qui est réalisée avant que le patient n’entre en dialyse et cette transplantation donne de meilleurs résultats, c’est un fait avéré.

    Alors quels sont les facteurs qui expliquent cela?

     Il y a des facteurs qui sont évidents comme probablement le fait que ce soient des patients en bien meilleure santé globalement. Ils n’ont pas subi plusieurs années de dialyses et les complications qui peuvent aller avec. Peut être qu’alors on ne parle pas des mêmes patients.

     Un deuxième facteur est que les greffes préemptives sont souvent faites avec donneur vivant plutôt qu’avec un donneur décédé de mort cérébrale ou autre. Et là également, on sait que les transplantations avec donneur vivant donnent de bien meilleurs résultats que celles effectuées à partir d’un rein cadavérique.

     Et puis on peut aussi considérer que le temps passé en dialyse est un facteur de médiocre pronostic de la greffe car la dialyse est un traitement très efficace et qui donne d’excellents résultats, mais il est établi aussi qu’avec le temps, la dialyse s’accompagne de complications qui surviennent progressivement mais inéluctablement, en particulier les complications cardio-vasculaires.

    . Un malade qui passe plusieurs années en dialyse peut développer des calcifications vasculaires ou des problèmes cardiaques, ainsi que de très nombreux autres effets secondaires. Ceci peut expliquer qu’une fois transplanté, la survie du greffon soit moins longue. Il faut bien entendu prendre tout cela avec précaution sachant que normalement des études montrent qu’une transplantation préemptive ou après 6 mois de dialyse c’est à peu près la même chose. Globalement, l’idée est qu’il faut faire la transplantation le plus vite possible. Mais bien entendu s’il y a besoin de dialyser le patient c'est pendant quelques mois avant la transplantation qu'il faut le faire et les conséquences potentielles évoquées précédemment n’auront guère le temps de se manifester.

     Suivant les recommandations de la Société Française de Néphrologie, l’inscription sur la liste nationale d’attente (LNA) à la greffe s’effectue lorsque la clairance de la créatinine devient inférieure à 20 ml/min, ce qui correspond à une capacité de 20 % de la fonction rénale, sachant que c’est entre 15 et 10 % de la fonction rénale que l’on choisit le moment où on doit débuter la dialyse. En conséquence l’inscription sur la liste de greffe au seuil de 20 % nous donne quelque mois pour préparer la greffe avant d’atteindre le seuil de la dialyse. Il y a aussi un facteur très important à prendre en compte, c’est la vitesse de détérioration du rein. Vous avez des patients à 20 % mais qui vont mettre plusieurs années pour arriver à 15% et d’autres qui ne mettront qu’un an, voire quelques mois.

     La situation idéale est donc celle où l’inscription sur la liste d’attente à la greffe est actée avant la phase de démarrage de la dialyse afin de disposer d’un créneau de quelques mois au moins pour préparer la greffe. Il est évident que s’il y a un donneur vivant le processus est beaucoup plus simple à gérer; on inscrit le patient sur la liste et on le suit régulièrement en consultation clinique. Quand on juge que sa fonction rénale nécessite une intervention, au lieu d’envisager le passage en dialyse, on envisage la transplantation. Quand le patient n’a pas de donneur vivant et qu’il faille envisager une greffe cadavérique, la greffe préemptive à partir de 20% n’est pas automatique; là encore la vitesse de dégradation sera prise en compte dans la définition de l’urgence. Lorsqu’un greffon potentiel est disponible, il se peut aussi que la greffe soit refusée au profit d’un receveur dialysé qui serait plus prioritaire.

     Sachant également que le coût d’un patient greffé est moindre comparé à celui d’un patient dialysé, ajouté au confort de vie retrouvé sans les effets secondaires des dialyses (certains étant à morbidité élevée), il va de soit que la greffe préemptive doit être envisagée le plus souvent possible. C'est aussi pour cela que le don du vivant doit être encouragé. (source : Par Marc Multignier, vendredi 7 mars 2014)


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