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La découverte de l'insuline (5)
Il nous fallait à peu près toute l'isletine que nous parvenions à extraire d'un pancréas dégénéré pour faire survivre un chien pendant une journée.
Comment parviendrions-nous à garder en vie des millions de diabétiques ?
Fred se rappela avoir lu que le pancréas des embrions d'animaux était constitué en majeure partie de cellules insulaires , puisque les sucs digestifs étaient inutiles avant la naissance .
Elevé à la campagne , il savait aussi que les fermiers envoient des vaches pleines à l'abatoir , car elles pèsent évidemment plus lourd .
Les pancréas des embrions de veaux avaient des chances d'être riches en isletine . Nous mîmes donc en route notre <<Pancréas>> , pour faire un tour aux abatoirs .
Plus tard , revenus au laboratoire , nous broyâmes les pancréas ainsi rassemblés pour en extraire et en purifier une riche moisson d'isletine.
Nous pourrions désormais maintenir nos chiens en vie aussi longtemps que nous le désirerions .
On découvrit , bien sur , par la suite , qu'avec des méthodes d'extraction améliorées on pouvait retirer de l'nsuline de n'importe quel pancréas animal : mouton, porc , vache .
Il y en aurait assez pour satisfaire tous les besoins.
Le 14 novembre , nous étions prêts à faire connaitre la grande nouvelle au monde .
Devant les membres de l'association du journal de physiologie , nous donnâmes Banting et moi , lecture de notre première communication , assortie de projections qui montraient nos tableaux de courbes de sucre sanguin.
Mais une question capitale demeurait sans réponse : l'insuline agirait-elle chez l'homme ?
De l'autre côté de la rue , à l'hopital général de Toronto, se trouvait un gamin de quatorze ans , Léonard Thompson .
Diabétique depuis deux ans , il ne pesait plus que 29 kilos et avait à peine la force de soulever la tête de son oreiller .
Selon toute vraisemblance , il ne lui restait plus que quelques semaines à vivre.
Nous avions pu vérifier qu'un mélange d'insuline pris par la bouche n'agissait pas . Nous décidâmes , Banting et moi de nous transformer en cobayes .
Je lui fis une piqûre de notre extrait , puis il m'en fit autant , pour nous assurer que le produit n'était pas trop toxique pour l'homme.
Le lendemain nous avions un peu mal au bras , pas davantage .
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