• Grâce à une greffe, sa mère lui a donné deux fois la vie

    De la mort, Erika Jaquinet en a réchappé de peu. Gravement atteinte d’insuffisance rénale, elle doit d’urgence être greffée d’un rein. Sa mère lui en a fait don.

    Grâce à une greffe, sa mère lui a donné deux fois la vie

     

    « En mars 2008, avec mon mari, on essayait d’avoir un enfant. On me l’a interdit ». Erika Jaquinet a alors 30 ans. Elle est sujette aux infections urinaires, à l’hypertension, des œdèmes se forment sur ses jambes. Un examen et le couperet tombe : « Vous avez un rein mort. L’autre est très fragile. Vous devez être hospitalisée d’urgence ». Les mots du néphrologue, Erika Jaquinet ne les oubliera jamais.

     

    « Vos reins sont morts »

     

    « Agent de service hospitalier en intérim, je devais être embauchée », se souvient-elle. Comment dire à son employeur qu’on souffre d’insuffisance rénale chronique ? que l’on a besoin d’être dialysée quatre heures, trois fois par semaine ?
    Les craintes de la jeune femme se confirment. « On m’a dit “On ne peut pas vous garder”. Ils avaient peur que des personnes âgées arrachent mon tuyau ». De toute façon, travailler, Erika n’en avait plus la force. « J’étais très mal suivi », se souvient l’ancienne pompier volontaire. Elle change alors de médecin. « Heureusement, sinon elle ne serait plus là aujourd’hui », ajoute avec douleur sa mère, Christine Peschet. « En voyant tous les médicaments que je prenais, mon nouveau médecin m’a dit “Vous n’êtes pas une mamie de 85 ans ! ” ».

     

    La maladie progresse. « J’en avais marre, le traitement était douloureux ». Le médecin lui propose alors de changer de méthode. « On a installé une machine chez moi, à Pointel. Tous les jours, pendant 9 h, je devais me brancher afin de nettoyer mon sang », détaille Erika. La dialyse péritonéale assure, de manière incomplète et par intermittence, le remplacement de la fonction rénale. Couplé à un régime alimentaire strict, limité en sel, en sucre et en liquide, le traitement suit son cours de 2008 à 2009.



    « J’ai à peine réfléchi »

     

    Touchée par l’immense détresse de sa fille, Christine Peschet prend alors une décision. « J’ai à peine réfléchi. Je me suis dit, s’il lui faut un rein, je lui donne ! ». Mère et fille passent alors un véritable « contrôle technique », comme elles s’amusent à dire. Mammographie, radiographie, examen dentaire, d’urine, échographie des reins… les médecins vérifient l’état de santé des patientes. « Ils ont testé notre sang, du même groupe, afin de savoir si on était parfaitement compatibles », se souvient la maman.
     

    Pendant six mois, les parents de la jeune femme suivent une à une les procédures administratives. Jusqu’au jour où son pérituane, situé au niveau du nombril, là où est placé le cathéter, s’infecte. Tout s’accélère. Un écart dans son régime. Un œdème du poumon. « Elle était en train de s’en aller », se souvient avec émotion son père. Pendant huit jours, elle est dans le coma. Aux soins intensifs, l’organisme est débarrassé de l’ensemble des déchets que ses reins, gravement atteints, ne filtrent plus.

     

    « Je voulais juste la sauver »

     

    « Sur le coup, moi, je voulais juste sauver ma fille. Les risques, je ne m’en souviens même plus. » Les nerfs de la petite famille sont soumis à rude épreuve. « A chaque fois qu’elle tombait malade, l’opération était repoussée », se remémorent les parents. « Puisqu’on ne pouvait rien faire, avec mon ami, nous nous sommes mariés ! ».
     

    Après trois ans d’attente, une date est fixée. Elle ne sera jamais annulée. Le 10 novembre 2011, 35 médecins, stagiaires, infirmières attendent les deux femmes. « On était un peu l’attraction. La greffe familiale n’est pas encore très à la mode en France, souligne la maman. A 7 h 20, j’ai craqué. J’ai fait un gros bisou à Erika et ils nous ont emmenés ». De l’opération, aucun souvenir : « Seulement des douleurs la nuit suivante. Ils avaient enlevé un organe, je le sentais mais ma fille allait bien ». A peine greffé, le corps d’Erika a adopté le nouveau rein. « J’ai uriné 3 litres, preuve que le rein fonctionnait très bien. Je n’ai jamais redialysé ! », déclare-t-elle avec le sourire.
     

    Erika rentrera chez elle huit jours plus tard. Greffée, elle prend quotidiennement des antirejets, « à 8 h et à 20 h ». Cela ne l’empêche pas de travailler ou d’avoir des enfants.

    (source : le lublicateur libre , article de Audrey Chevallier)


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