-
Cancer du sein , dépistage
Voici un condensé de lecture de septembre 1986 sur le cancer du sein écrit par Jacques Lansac : professeur de gynécologie -obstétrique
Ce condensé se déroulera sur les deux sujets suivant :
1) Pour un dépistage systématique
2) Des traitements moins mutilants
La détection précoce des tumeurs malignes sauverait , chaque année , 3000 vies dans notre pays
1) Pour un dépistage systématique
Aucune analyse du sang ne permet actuellement le dépistage du cancer du sein . On ne peut donc faire appel qu'à l'examen des seins par la femme elle -même par son médecin ou un agent paramédical, ou à des examens d'imagerie médicale radiographique essentiellement .
L'examen de la femme elle-même .
Il est simple , et toute femme devrait donc apprendre à examiner ses deux seins ainsi que le creux de l'aisselle une fois par mois (après les règles si elle est réglée ), debout devant une glace , puis couchée .
Cette apprentissage peut être fait grâce aux conseils d'un médecin ou d'un agent paramédical, les médias diffusant largement l'information
Cependant , cet examen , malgré sa simplicité , n'a pas que des avantages: il est générateur d'anxiété, il peut pousser à un abus de consultation médicales ou , au contraire , à une réticence devant l'examen par le médecin . En fait , l'auto-examen n'est pas gratifiant , ni dans l'immédiat ni à plus long terme , puisqu'il ne prévient pas la maladie , à l'inverse d'autres gestes d'hygiène (le lavage des dents , par exemple) qui provoquent un bien-être immédiat et préviennent une atteinte à long terme. Cependant , d'après les enquêtes faites chez des femmes ayant un cancer du sein , il semble que celles qui pratiquent l'auto-examen trouvent la tumeur plus tôt , que la taille en est plus petite et que les ganglions sont moins fréquemment envahis que chez les femmes qui négligent cette technique .
L'examen par le médecin .
Cet examen peut être fait par le médecin de famille , le gynécologue ou le médecin du travail . Ce geste simple est un bon moyen de dépistage , dans un pays qui compte plus d'un médecin pour deux cents femmes . Il n'est malheureusement pas entré dans la pratique médicale courante .
L'examen clinique annuel des femmes de plus de trente-cinq ans permet pourtant de découvrir de un à cinq cancers pour mille femmes examinées .
La radiographie .
L'examen clinique ne peut détecter des cancers de moins de 0,5 cm et encore moins des cancers non palpables .
L'utilité de la radiographie des seins , ou mammographie , est donc indiscutable ; entre quarante et cinquante ans , 20% des cancers sont ainsi découverts en plus de ceux qui le sont par examen clinique ; le taux passe à 40% après cinquante ans , car à cet âge les seins sont graisseux et les radios beaucoup plus faciles à lire ; 75% de ces cancers n' ont pas encore atteint les ganglions : L'amélioration du taux de guérison avoisine alors 30% .
Si l'efficacité des examens radiologiques semble ainsi démontrée , on a parlé du risque de cancer induit par leur répétition .En fait , ce risque est quasi nul , car avec les techniques actuelles , les doses d'irradiation reçues sont minimes .
Le problème est de savoir comment espacer ces examens , à quel rythme et à quel prix, en 1986 chacun d'eux coûte environ 300 franc .
La thermographie est une des méthode de diagnostic utilisées pour le dépistage du cancer du sein (photo).
Des moyens simples et peu onéreux:
Dans notre pays, le dépistage systématique est rare; en dehors de quelques programmes réalisés en médecine du travail , il se limite à une expérience d'autopalpation des seins faite à Grenoble , sans résultats très spectaculaires .Rien n'est organisé et , comme pour le cancer du col de l'utérus , tout est laissé à l'initiative de chacun.
Pourtant les expériences ne manques pas , en particulier dans les pays anglo-saxons et en suède , où le projet dirigé par L.K. Tabar (hôpital de Falun en Suède) est peut -être le plus intéressant , car il est <<randomisé>>(soumis au hasard) , avec un groupe étudié et un groupe témoin . Il concerne toute la population d'une région et comporte uniquement un examen radiologique fait par un manipulateur .Enfin , il n'y a qu'un seul cliché par sein au lieu de deux .
78 000 femmes ont été ainsi examinées dans le groupe surveillé , on a fait une radio tous les deux ans entre quarante et quarante-neuf ans et tous les trois ans entre cinquante et soixante-quatorze ans .L'auteur a trouvé , avec cette méthode simplifiée , des cancers à un stade plus précoce , et six ans avant le début de l'étude .La moralité dans le groupe surveillé enregistre une baisse de 31 %.
Cette étude prouve qu'on peut être efficace pour un coût relativement minime. Prenons une région de 300 000habitants : il suffit d'un médecin à temps plein , de neuf manipulateurs radio et de trois appareils de mammographie, dont deux montés dans des camions. Le coût d'un examen est voisin de 120 francs .
De cet ensemble de données , on peut conclure que le dépistage du cancer du sein est possible chez nous .
Un examen médical annuel chez les femmes de trente à soixante-dix ans ferait sans grands frais régresser la mortalité. Une mammographie tous les deux ans entre les trente et quarante-neuf ans et tous les trois ans de cinquante à soixante quatorze ans permettrait sans doute de faire baisser la mortalité de près de 30 % .
A l'heure où l'on met en place tout un système de dépistage pour le SIDA, qui ne frappe que quelques centaines de malades par an , il ne faut pas perdre de vue les possibilités de dépistage des maladies fréquentes comme le cancer du sein ; il touche , rappelons-le , 25 000 femmes tous les ans . Une baisse de 30 % de la mortalité veut dire 3 000 décès de moins par an .
Alors pourquoi pas un projet au moins dans la région ? Nous avons tous connu le camion de radiographie pulmonaire à l'époque de la tuberculose . Il n'a plus beaucoup d'intérêt . Remplaçons-le par le camion de dépistage du cancer du sein.
-
Commentaires