• C’est une belle preuve d’amour. Ne supportant plus de voir la vie de son mari amputée par des dialyses, Marie-Claire a décidé de lui donner un de ses reins. L’opération a eu lieu mercredi.

      maie-claire et rené

    Marie-Claire et René, 48 heures avant l’opération    (photo Philippe Renault) 

     

    L’histoire

     

    « C’est vrai que c’est plutôt bizarre d’aller se faire opérer alors que je suis en parfaite santé », s’étonne Marie-Claire, 64 ans. « Mais c’est pour mon mari. Sa vie est devenue si difficile à cause de ses reins. Alors en lui en donnant un, je lui rends service et je nous offre aussi une nouvelle vie ». Et d’ajouter avec un clin d’œil en prime. « C’est son cadeau d’anniversaire puisqu’il vient de fêter ses 65 ans. »

     

    Son mari René la regarde avec une tendre fierté. « C’est elle, spontanément il y a deux ans, qui s’est proposée de me donner un de ses reins quand elle a appris que j’allais devoir me faire dialyser. Elle voulait se faire opérer dès le lendemain. » Un acte encore plutôt rare en France, puisque les greffes de donneur vivant à donneur vivant ne représentent que 7 % des opérations.

    Un parcours du combattant

     

    « Ma maladie des reins remonte à mes 20 ans. Une angine mal soignée et ils ont continué à se détériorer petit à petit », se remémore René. « Puis, début 2011, ça s’est aggravé. J’ai dû commencer à me faire dialyser. Mes semaines ne comptaient plus que 5 jours… Les deux autres consacrés à la dialyse n’existaient pas pour moi. » C’est à ce moment que son néphrologue lui demande de commencer à songer à une greffe et que sa femme s’y intéresse. « On est du même groupe sanguin, donc j’étais potentiellement compatible », raconte Marie-Claire.

     

    Le processus sera beaucoup plus long que prévu. « Un véritable parcours du combattant », explique la future donneuse. « Il a fallu passer beaucoup d’examens pour bien s’assurer que mon rein serait compatible. » Sans oublier une procédure devant le tribunal de grande instance. « Légalement, un don de rein est considéré comme une mutilation volontaire. Il fallait donc que je donne officiellement mon accord pour être mutilée. » Le couple devra aussi faire face à des problèmes de santé de René. « Moi-même j’avais très peur qu’il m’arrive quelque chose qui m’empêche de donner mon rein », s’effraie encore l’épouse. Pas vraiment de tout repos.

     

    Cinq heures d’opération

     

    Mercredi dernier, 8 h 30, dans le bloc chirurgical du CHU de Rennes. Marie-Claire est endormie sur la table d’opération. Le professeur Karim Bensalah s’apprête à lui retirer son rein gauche par cœlioscopie. « La difficulté est de le prélever sans le léser », assure le chirurgien. Une opération délicate de près de trois heures. Juste en face, dans l’autre bloc opératoire, c’est son mari qui est préparé. « On attend d’avoir la confirmation que le rein de son épouse est en bon état avant de commencer d’opérer le receveur », précise le Dr Grégory Verhoest chargé de l’implantation.

     

    11 h 30. Marie-Claire pèse 400 g de moins. Son rein repose sur un lit de glace et le Dr Verhoest travaille dessus. Retirer les tissus graisseux, préparer les artères et veines… « C’est un beau rein », estime-t-il avant de le glisser dans un conteneur et le transporter dans sa salle d’opération. Le temps est compté pour le reconnecter dans le corps de René. Deux heures plus tard, ce dernier pèse 400 g de plus. L’opération a réussi. La promesse d’une nouvelle vie pour le couple. (source : www.ouestfrance.fr  .Texte :Samuel Nohra  

     

     

     

     

     


    votre commentaire